L'Orisha de Trinidad et Tobago

L'orisha
L'Orisha de Trinidad et Tobago, également connue sous le nom de Shango, est une religion syncrétique antillaise originaire d'Afrique Noire et très influencée par le catholicisme romain. Ses racines se trouvent dans la religion Yoruba, tout comme le Vaudou et le Quimbois. L'Orisha de Trinidad incorpore des éléments du baptême spirituel et cette proximité entre l'Orisha et le Baptême spirituel a conduit à l'utilisation du terme « Baptiste Shango » pour désigner les membres de l'une ou de l'autre des deux religions. L'anthropologue James Houk décrit L'Orisha de Trinidad comme un « complexe religieux afro-américain », incorporant des éléments des religions ancestrales d'Afrique de l'Ouest, du christianisme (catholicisme romain et protestantisme), de l'hindouisme, et de la Kabbale de la Trinité (une pratique ésotérique dérivant de la mystique Kabbale européenne).

Depuis qu'en 1989, le président ait invité le chef spirituel de la religion yorouba du Nigeria, fondement de la religion Orisha, à visiter Trinité-et-Tobago, la religion Orisha a gagné en reconnaissance et on assiste à une augmentation constante du nombre de ses pratiquants.

 

La pratique de l'Orisha

Il est très difficile de déterminer combien de personnes pratiquent l'Orisha, car beaucoup le font secrètement. On peut penser qu'environ 8 à 10% de la population pratiquent cette religion sous une forme ou une autre.

Les autres religions les plus dominantes à Trinité et Tobago, telles que les confessions protestantes de souche chrétienne, considèrent la pratique de l'Orisha comme diabolique et démoniaque.

Il existe trois manières différentes de devenir un adepte de l'Orisha :
1) les relations familiales : les membres de la famille encouragent leurs frères et sœurs, leurs parents ou autres à embrasser cette religion,
2) les traumatismes ou les crises : une personne qui a terriblement besoin d'aide peut trouver refuge dans cette croyance,
3) une personne cherche du soutien pour affronter les problèmes de la vie quotidienne comme l'emploi, les relations interpersonnelles, etc. Il va alors consulter un prêtre Orisha.

Le fait que les prêtres de la religion Orisha donnent des consultations pour aider les personnes qui ont des problèmes constitue un aspect de cette religion que d'aucuns trouvent attirant. Lors d'une consultation typique, le prêtre donne au visiteur une amulette ou une breloque qui, par exemple, est censée lui porter chance. Même des personnes haut placées dans le gouvernement ont consulté de façon notoire des prêtres Orisha.

La musique rituelle est omniprésente

La pratique de l'Orisha de Trinidad implique les chants de l'appel et de la réponse qui sont accompagnés par un trio de tambours. Les tambours Orisha sont des cylindres bi-tensorial à double tête dérivés des tambours Yoruba de Bembe (semblables aux tambours cubains Iyesá). Le tambour qui est le moins haut est appelé bo ou kongo. Le tambour du milieu est appelé « grosse caisse » ou bembe. Le plus petit tambour, qui est également le plus haut, est appelé umele. Les deux premiers tambours sont joués avec une baguette en plus de la main tandis que le umele se joue avec une paire de bâtons. Tous les bâtons sont courbées à l'extrémité. Ils ressemblent à un bâton de berger. La langue des chansons a été désigné comme « Trinidad Yoruba » et est un dérivé de la langue Yoruba.

Qu'en est-il de la magie ?

Shango
Un fausse idée persiste toujours dans les îles comme quoi l'Orisha et les autres religions de souche africaine n'encouragent qu'une utilisation incontrôlée de la magie et de la sorcellerie et que ça serait extrêmement nuisible pour la société. La population est très méfiante par rapport à ces religions de souche africaines. Mais l'utilisation de pouvoirs mystiques est un phénomène général inhérent à de nombreuses autres traditions culturelles.

Cependant, depuis le début des années 1990, le peuple de Trinité-et-Tobago a pris conscience de la religion Orisha et il est moins soupçonneux et plus réceptif. Le mouvement Orisha a bénéficié d'une légitimité accrue dans les cercles politiques, publics, médiatiques et culturels. Le gouvernement a envisagé de tenir des débats sur une politique entourant le statut de religion de l'Orisha. L'invitation à Trinité-et-Tobago du chef spirituel de la religion yorouba du Nigeria est un exemple de cet ouverture de la part des pouvoirs publics.

Les Orisha cultivent le respect pour la vie et pour la mort. On peut comparer le Shango à la « nébuleuse néo-païenne » souvent pratiquée par les wiccans.

Le culte orisha-voodoo naquit au débit des années 1970 du désir de faire revivre les racines culturelles africaines à travers des cultes afro-américains libérés de toute influence catholique. En 1970 un village a été fondé en Caroline du Sud où vivent une soixantaine de personnes. Le mode de vie et les traditions religieuses des Yorubas a été recréé, tels que, par exemple, le mariage polygamique ou les festivals consacrés aux ancêtres. Pour les membres de l’orisha-voodoo, la pratique de la religion africaine doit être intimement liée à la culture qui l’a générée, une culture qui devient dans leurs discours exclusivement africaine, épurée de toute influence occidentale.

Selon des études publiées sur le site du ministère de la ville de Trinidad & Tobago, la pratique des religions de souche africaine à Trinité-et-Tobago concerne 10% de la population qui seraient de confession Obeah. L'Orisha semble intégrée dans l'Obeah qui est un terme générique.

 

Au coeur du Shango

Si le Shango s'impose à l'attention dès qu'on parle de Tinité et Tobago, il convient de préciser qu'il constitue en un sens une métaphore pour exprimer de riches traditions religieuses africaines où s'affirment, d'une part, les Orisha d'origine Yoruba, et d'autre part les rites « rada ».

1. Le Shango en tant que tel, c'est la divinité du tonnerre. C'est la nouvelle nomenclature des divinités à travers la pratique du système de divination ifá qui a donné au Shango ses nouveaux attributs en Trinité et Tobago. Ces nouveaux attributs sont perceptibles dans les considérations suivantes si on compare le Shango de Trinité et Tobago à la divinité Shango des Yoruba :

- le Shango est monogame et n'accepte comme femme que Oya. Obba et Oshur sont des divinités autonomes dans le panthéon de Trininad et personne ne s'aventure à les considérer comme femmes de Shango
- beaucoup d'autres attributs le différencient du Shango des Yoruba. L'attribut qui est dominant est celui qui se réfère au feu.

2. Les orisha qu'on retrouve à Trinité et Tobago :
- Oshossi, Ode, Erinle et Ajaja concernant tout ce qui a trait à la forêt.
- Oya, appelée également Iyesan, et qui est comparée à Sainte Catherine et dont la couleur est verte.
- Osanyin ou Orsain : père de la pharmacopée. On l'assimile à Saint François d'Assise. Sa couleur est jaune et blanche.
- Yemonja connue comme divinité de l'eau, protectrice des pêcheurs et marins. On l'assimile à Sainte Anne.
- Obatala, appelé Elufun, assimilé à Saint Joseph ou à Jésus.

3. Les rites rada :
Il s'agit de traditions religieuses venues d'Allada, d'Abomay, de Ouidah, de Porto Novo, villes de l'ex-Dahomey d'où sont venus à Trinité et Tobago des vodû de fonctions parallèles à celles des Orisha Yoruba. Le pays hérite d'une très fameuse maison de culte à Belmont dans Port of Spain.

Un nouvel élan grâce à Internet

En août 1995 fut créé par Frank Baba Eyiogbe un site internet (http://www.orishanet.org) destiné à promouvoir la culture de la religion Orisha. Depuis, le nombre de sites sur la Santería ou sur la religion traditionnelle des Orishas n’a cessé de croître. Aujourd’hui on compte sur le réseau cybernétique une vingtaine de centres d'études, répandus sur l’ensemble du territoire national nord-américain, se consacrant notamment à l'étude du système d'Ifá (la pratique de divination) et à l'apprentissage de la langue Yoruba.


Sources :
Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada : http://www.irb-cisr.gc.ca dont un document a été reproduit sur http://www.refworld.org

https://halshs.archives-ouvertes.fr : Les_dieux_sur_le_Net.pdf

Rapport du colloque de l'UNESCO sur "Les survivances des traditions religieuses africaines dans les Caraïbes et en Amérique latine" du 20 novembre 1985




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