Histoire de la sorcellerie en Afrique

Suivant les cultures, la sorcellerie peut être mise au ban de la société et même interdite. On remarque que c'est souvent dans les religions monothéistes que ceci arrive ; sans doute parce que l'adoration de forces supérieures autres que Dieu ferait de l'ombre à l'idéologie religieuse ou à ses instruments (le Clergé). En effet, la sorcellerie est un ensemble de pratiques occultes qui permettent d'agir sur les choses et les esprits. Elles sont susceptible de provoquer des désordres dans l'ordre public. Et si les gens se tournent vers les sorciers, alors ils n'ont plus besoin des prêtres de la religion. Ce sont ces idées qui ont conduit à l'Inquisition en Europe et aux Etats-Unis. On se souvient de la chasse aux sorcières et de l'épisode des Sorcières de Salem.

Paysage d'Afrique

Mais en Afrique la sorcellerie est enracinée dans le continent tout entier. Les sorciers ne sont pas des gens qui se cachent, au contraire, ils font partie des élites. Si on devait établir un classement des gens par leur importance on pourrait sans doute placer le sorcier juste après le chef du village. Et même ce dernier n'hésite pas à aller consulter le marabout pour sa sagesse, ses conseils ou lorsqu'il est malade.

Les sorciers d'Afrique

Sorcellerie en Afrique
Les sorciers africains détiennent des pouvoirs mystiques qui leurs ont été transmis par leurs ancêtres de générations en génération. Ils maitrisent aussi bien la sorcellerie, c'est-à-dire la magie noire, que la magie blanche et la médecine.

Avant un mariage, on va consulter le sorcier pour obtenir une bénédiction et le pouvoir d'enfanter.

La sorcellerie d'Afrique Noire est une magie talismanique. On utilise énormément de statuettes et de gris-gris. Les pentacles sont souvent fabriqués dans la rue par des artisans. Cette pratique est très courante au Sénégal.

Les sorciers d'Afrique n'hésitent pas à pratiquer des sacrifices d'animaux pour obtenir, pour eux-mêmes ou pour leurs clients, plus de pouvoir ou de fortune.

 

Le berceau du vaudou

Le culte vaudou vient d'Afrique. Il a été importé dans les Caraïbes et en Amérique du Nord avec la traite négrière. On en parle moins, mais le vaudou est toujours pratiqué en Afrique de l'Ouest sub-saharienne, principalement au Dahomey (maintenant Bénin) d'où il tient son origine avec les rites « vodun ». On le retrouve aussi au Congo et dans l'ensemble de la « Gold Coast » jusqu'au Sénégal.

Ces pratiques font terriblement peur car le vaudou africain est souvent associé à des rituels très sombres qui peuvent générer des dégâts importants chez les personnes :
cécité
meurtre
misère
maladies
stérilité
problèmes psychiques

Ces religions africaines traditionnelles comportent la vénération des ancêtres et croient en un créateur suprême et un panthéon des esprits divins tels que le Orisha , les Loa , les Nkisi et autres Alusi.

La sorcellerie au Maghreb

Le Maghreb
Au Maghreb, dans les zones rurales, la sorcellerie est une pratique toujours très courante. Elle est pratiquée par des talebs. Il s'agit d'une sorcellerie assimilable aux pratiques sorcières de l'époque médiévale.

Les Talebs sont consultés par la population locale pour leur savoir dans le domaine de la sorcellerie musulmane. Ils pratiquent leur magie en s'aidant de démons et des djinns. Les domaines d'intervention des Talebs concernent l'amour, le travail, la fécondité. Ces sorciers exorcisent le « mauvais œil » mais peuvent également jeter le mauvais sort et pratiquer des envoûtements.

 

La sorcellerie au Maroc

Même dans les villes et en particulier dans la capitale, la sorcellerie est bien présente, mais d'une manière plus feutrée que dans les zones rurales.

La magie traditionnelle au Maroc utilise énormément d'ingrédients magiques tels que des herbes, des encens, l'écorce de certains arbres ou même des animaux ou des ossements (qui peuvent provenir des tombes des cimetières). On peut les acheter dans des boutiques spécialisés. On rencontre très souvent des vendeurs de tortues. Il faut savoir que les tortues sont très utilisées dans certains rituels de magie noire destinés à pratiquer des actes sataniques ou jeter le mauvais sort.

La puissance de la sorcellerie marocaine est reconnue dans tout le Maghreb et est très souvent crainte par les populations.

Consultez notre article sur : les sorcières au Maroc

L'afrique noire

L’histoire de l’Afrique n’a pas commencé avec la colonisation. Ce continent était partagé entre différents royaumes et groupes ethniques qui avaient leurs propres systèmes de croyances utilisant tous plus ou moins la magie et les esprits. Le caractère commun à toutes les peuplades de l'Afrique Noire était le lien intense que les vivants entretenaient avec les ancêtres. Ces derniers n'étaient pas seulement honorés en temps que héros fondateurs des tribus, mais leur rôle politico-social était majeur. Ils faisaient partie des grandes décisions en tant qu'instance supérieure chargée gouverner le peuple et de faire respecter les traditions.

Mais les groupes étant d'origine différentes, les ancêtres étaient eux-mêmes différents. On peut cependant retenir trois grandes familles qui forment trois cultes très similaires mais avec des pratiques et des modes de pensée différents dans les détails.

Sorcellerie en Afrique

Les Yorubas

Les Yorubas sont originaires du Nigéria actuel et du Dahomey. Ils ont créé plusieurs petits royaumes (Oyo, Ketu, ...) aux villes état importantes. Les Yorubas parlaient plusieurs langages.

Parmi les villes du royaume d’Oyo se trouve la ville d'Oyo, la capitale administrative et culturelle. Chez le Yoruba on trouve Shango, fondateur de la ville d’Oyo, qui devint un Orisha majeur et le dieu de la guerre.

Dans ce même royaume nous trouvons aussi Ile-Ife, la « Mecque » de la culture yoruba des Orishas, le lieu de naissance et le centre du monde de leur cosmogonie.

Les Yorubas vénèrent la nature (les sources, les rivières, les forêts, les grottes, etc...). Ils pratiquent la divination et la magie.

Les Yorubas et leur système des Orishas vont établir une véritable prépondérance culturelle dans le nouveau monde où ils seront déportés en tant qu'esclaves.

Les Bantous

Magie africaine
Les bantous ne sont pas une ethnie au même titre que les yorubas mais un groupe linguistique. Il existe en réalité plusieurs ethnies qui parlent la langue bantoue. On peut citer les indigènes d'Angola et ceux du Congo. Les tribus bantoues remontent jusqu'au Cameroun, juste au sud des terres des Yorubas qui sont leurs ennemis.

Les bantous n'ont pas les mêmes croyances que les Yorubas. Ils ne croient pas aux Orishas. Chez les bantous ce sont les knisis (ou inquices, ou encore inkices). Dans la langue kikongo, « kimpi » désigne une forme de comportement « instable », qui est le signe que la personne est victime d’une attaque sorcière d’un type particulier qui consiste en une sorte de souffle qui pénètre la personne et se loge dans sa tête. Le kimpi ne met pas la personne en danger de mort.

Les bantous ne vénèrent pas la nature en général mais une source en particulier, une rivière en particulier, etc... Ces lieux sont associés à un esprit clairement définit.

On peut donc en déduire que les bantous conduits en esclavage très loin de chez eux perdaient tout repère. Dans ces conditions de déportation c'est souvent la magie et la sorcellerie qui l'emportait sur leur culture et leur religion privées de leur ancrage géographique.

Les Fons

Magie vodun
Après les Yorubas et les Bantous on peut distinguer le peuple des Fons qui vivait dans le Bénin actuel (Dahomey). Chez les Fons les divinités n'étaient pas les Orishas ni les Inkices ; c'était les voduns. Les Fons sont à l'origine du culte vaudou (parfois appelé vodou) et du Voodoo de la Nouvelle Orléans.

Les Fons sont les voisins des yoruba. On retrouve d'ailleurs quelques divinités yoruba parmi le panthéon des divinités Fons. L'une des particularités du vaudou est d'ailleurs de pouvoir acheter à autrui les divinités dont on a besoin pour tel ou tel rituel spécifique.

Les Fons sont souvent associés au peuple des Ewe qui se trouve un peu plus à l'ouest (Togo et Ghana actuels). Mais les Ewe ne pratiquent pas le vaudou.
 



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