Alchimiste dans son laboratoire
Sur quelle base, sur quel fondement théorique reposait la doctrine de la transmutation des métaux ? Elle s’appuyait sur deux principes que l’on trouve invoqués à chaque instant dans les écrits des alchimistes : la théorie de la composition des métaux, et celle de leur génération.
Les alchimistes regardaient les métaux comme des corps composés; ils admettaient de plus que leur composition était uniforme. D’après eux, toutes les substances offrant le caractère métallique, étaient constituées par l’union de deux éléments communs, le soufre et le mercure ; la différence de propriétés que l’on remarque chez les divers métaux ne tenait qu’aux proportions variables de mercure et de soufre entrant dans leur composition. Ainsi l’or était formé de beaucoup de mercure très pur, uni à une petite quantité de soufre très pur aussi ; le cuivre, de proportions à peu près égales de ces deux éléments ; l’étain, de beaucoup de soufre, mal fixé, et d’un peu de mercure impur, etc.
Les alchimistes partent du principe fondamental que les métaux, et en général toutes les substances du monde inorganique, sont dotés d’une sorte de vie.
D'après les alchimistes, il existe une substance capable de réaliser la transformation des métaux : c’est la pierre, ou pondre philosophale, désignée aussi sous les noms de grand magistère, de grand élixir, de quintessence et de teinture. Mise en contact avec les métaux fondus, la pierre philosophale les change immédiatement en or. Si elle n’a pas acquis son plus haut degré de perfection, si elle n’est pas amenée à son dernier point de pureté, elle ne change pas les métaux vils en or, mais seulement en argent. Elle porte alors le nom de petite pierre philosophale, de petit magistère ou de petit élixir.
Ce n’est qu’au douzième siècle qu’il est clairement question pour la première fois de la pierre philosophale. Avant cette époque, la plupart des auteurs grecs et arabes, à l’exception de Geber, se contentent d’établir théoriquement le fait de la transmutation, sans indiquer l’existence d’un agent spécial qui puisse réaliser le phénomène.