Les anges déchus

Ange déchu
Sont-ce des Anges ou des démons ? Le terme d’Ange déchu est souvent utilisé dans les concepts religieux et également en magie. Mais que représente-t-il exactement ? Désigne-t-il des anges ou des démons ? Apparemment les deux se rejoignent puisqu'à l'origine les démons sont une partie des premiers anges qui, s'étant révoltés contre leur créateur, ont été chassés du paradis et sont donc devenus de ce fait des anges déchus. Cette explication n’est pas propre au christianisme et se retrouve dans presque toutes les religions. Chez les premiers hindouistes, l’ange déchu s'appelait Mozazor, dans le mazdéisme il avait pour nom Angra Mainyu, pour les musulmans c'est Azazel, Iblis ou encore Al Shaytan et chez les catholiques on le désigne sous le nom de Lucifer (le porteur de lumière). Leurs noms diffèrent mais dans tous les cas, leur origine est la même. Ce sont tous des anciens anges, parmi les premiers créés et également parmi les plus puissants.
 

Déchus ou déçus ?

Dans les Evangiles on nous relate l’histoire de l’apôtre Saint Thomas qui voulait voir de ses yeux et toucher de ses mains les blessures du Christ après la résurrection. C’était l’un des premiers sceptiques de l’histoire du monde. Mais il se pourrait bien qu’il nous ait montré la voie que nos jugements nous empêchent de voir ? Nos anges attendent peut-être aussi un peu plus de scepticisme de notre part.

Bien souvent, ce qui éloigne les humains des anges, qu’ils soient déchus ou non, ne sont que des peurs irrationnelles ou des clichés quelque peu obscurantistes qui font douter de la réalité de leur existence. L'être humain possède également une certaine facilité à faire des anges, surtout ceux que l'on dit « déchus », de véritables boucs émissaires coupables de tous les maux de la planète. Ce sont des démons qui viennent nous hanter comme le feraient des fantômes. On les considère souvent comme des spectres qui veulent prendre possession de notre âme.

Il faut cependant savoir que Lucifer était chérubin en chef avant d'être déchu de son rang. C’est un grand tentateur mais il n’ôte pas à l'homme son libre arbitre et on a donc toujours la possibilité de lui résister ou de le repousser. Lucifer ne peut prendre possession de notre esprit que si on l’invite à le faire. Selon certains écrits, que l’on peut croire ou ne pas croire, son rôle serait même une volonté divine. Ainsi, lorsque nous succombons à la tentation un peu trop facilement, l'ange serait-il plutôt déchu ou ... déçu ?

Comment tout à commencer ?

Depuis l’aube de la nuit des temps, le thème des anges déchus est une constante dans de très nombreux textes fondateurs ainsi que dans les œuvres magiques. La sorcellerie utilise très souvent des rituels qui invoquent des anges déchus pour mener à bien les desseins néfastes des sorciers.

Les premières traces concernant l’existence des anges déchus ont été trouvées en Iran et en Inde. Il existe chez les premiers hindouistes un livre sacré qui s’appelle Shasta. Ce manuscrit raconte que le dieu unique qui ne connaît ni début, ni fin et qui n’a pas connu la naissance, a créé les quatre premiers anges qu’il a baptisé Brahma, Vishnu, Siba et Mozazor. Il y eut ensuite une myriade d’autres êtres angéliques. Mozazor prend le commandement d'une poignée d'entre eux et désobéit à son dieu créateur car il voulait le renverser pour prendre sa place. Mais le coup d’état a été avorté et Mozazor a été bannit du Ciel avec ses disciples.

Le retour des anges déchus

Bien des années plus tard, lorsque le Dieu Créateur façonna la Terre, certains des anges chassés du ciel s'étant repentis eurent le droit de s'incarner dans le corps des vaches qui, depuis ce jour, sont considérées comme sacrées en Inde.

En Perse, Zaratoustra raconte à ses fidèles l'histoire d'Angra Mainyu, un des sept archanges du dieu unique Ahura Mazda. Angra Mainyu entre en rébellion contre son dieu et se fait chasser par Spenta Mainyu, entraînant dans sa chute les daevas qui deviennent les démons.

Dans le Livre d’Enoch, les anges déchus sont ceux du chapitre 6 de la Genèse. Ils trouvent les femmes humaines très belles et finissent par s'unir avec elles, donnant naissance à une race de géants. Malheureusement ces hybrides finissent par opprimer les hommes et les corrompre, s'attirant les foudres divines. Curieusement, l'Ancien Testament ne décrit pas la rébellion des anges. Dans le livre de Job, Satan apparaît comme un ange tentateur qui met le fidèle à l'épreuve. Il n’est finalement pas si méchant que cela et ressemble à s’y méprendre au diable arabe Al Shaytan. Ce sont les religieux qui le transformeront en Satan que nous connaissons. Ils le feront bien souvent dans leurs propres intérêts, pour contrôler les fidèles par la terreur et justifier leurs actes cruels au nom de la lutte contre le mal incarné par ce Satan construit de toute pièce.

Le gentil diablotin

Dans l'imagerie populaire, l’idée que l’on se fait du diable est en totale opposition avec celle de l'ange gardien, tout de blanc vêtu, faisant penser à une colombe. Le diable est au contraire représenté par un petit démon cornu tout vêtu de rouge et disposant d’une queue en tire-bouchon. De nos jours, ce petit diablotin n'est pas aussi effrayant que le prince des ténèbres rôdant sur la terre en quête d'âmes à damner. Il serait même plutôt sympathique car il a été vulgarisé par la littérature et le cinéma. Mais ce n’était pas la même chose au Moyen-Âge. A cette époque il était censé terroriser les hérétiques et les impies.

L’idée du gentil démon n'est pas rare dans la littérature. On parle souvent de celui de Socrate. On le retrouve aussi chez quelques auteurs français tels que Baudelaire dans Assommons les pauvres! : « J'entendis une voix qui chuchotait à mon oreille ... C'était celle d'un bon Ange, ou d'un bon Démon, qui m'accompagne partout. » Ou encore chez Corneille: « Oh ciel! Quel bon démon devers moi vous envoie, Madame ? » La mythologie babylonienne est également peuplée de démons qui peuvent être tour à tour bons ou mauvais. C’est le même principe dans la mythologie arabe avec les djinns qui ne sont jamais foncièrement totalement bons ou totalement mauvais mais qui peuvent être l’un ou l’autre selon leur humeur du jour.

Dans la mythologie babylonienne il existe le terrible Pazuzu qui terrifiait les populations, distribuait les maléfices, répandait des épidémies destructrices. Mais, si on savait l'invoquer correctement avec les bonnes incantations et surtout quelques belles offrandes, il devenait un allié de poids.

Les anges de l'enfer

Les grecs de l’Antiquité l’appelaient l’Hadès ou le Tartare. C’est une région qui se trouve au plus profond du gouffre souterrain dont la porte est de fer avec un seuil de bronze. Chez nous, c'est l'enfer... C’est l'antre du prince des ténèbres.

Les textes bibliques sont assez discrets sur les hiérarchies démoniaques. On connaît les noms de certains d’entre eux : Lucifer, Satan, Belzebuth ... Et on sait également que les démons sont légions.

C’est dans le Livre d’Enoch que l’on apprend beaucoup plus de choses à leur sujet. Il cite nommément plusieurs des anges maudits qui sont descendus sur terre faire commerce avec les femmes humaines. Il en dénombre pas moins de 200 et dévoile le nom de leurs vingt chefs principaux parmi lesquels : Shemihazah, Azael et Kokabiel.

Chez les arabes, Shaytan est leur guide. Il porte indifféremment plusieurs autres noms car c’est une coutume chez les arabes de porter différentes identités quand on fait le mal. Le tueur de la Gare Saint Charles à Marseille, par exemple, était connu des services de police sous pas moins de sept identités différentes. Al Shaytan se présente donc aussi sous les noms d’Iblis ou d’Azazel.

Deux autres démons (anges) célèbres s'appellent Harut et Marut. Il s’agit de deux terribles perturbateurs qui descendirent sur terre pour tenter les humains, les bousculer, leur faire peur et, accessoirement, pour s'enivrer du vin que produisent nos vignes.

Mais si vous cherchez plus d’information sur les anges de l’enfer, ce sont surtout les traités de magie noire et de sorcellerie qui donnent des détails précis concernant l'organigramme infernal. Pour certains, il compterait aussi neuf ordres d'anges déchus. L’un de leurs chefs principal est Lucifer, le porteur de lumière, ex-archange régent des chérubins.

Il existe trois grands groupes de démons :
les démons supérieurs,
les démons inférieurs,
les démons élémentaires.

Où tout ceci va les conduire ?

Tous les écrits sont formels au sujet des démons qui font le mal. Tout ce que les anges déchus vont gagner ce sont les flammes éternelles. À condition bien sûr que les textes que l'on dit « sacrés » soient réellement d'origine divine et n'aient pas été retouchés, mal traduits ou mal interprétés.

En attendant la preuve matérielle qui ne devrait arriver qu'à la fin des temps, au moment de l’apocalypse, les esprits évoluent petit à petit. Les notions de bien et de mal s'estompent au profit d'une logique basée sur la toute puissance du Créateur à qui nous devons les anges, qu'ils soient bons ou mauvais, rejoignant ainsi les textes de l'Ancien Testament où Satan est un ange parmi les autres et dont le rôle est finalement primordial pour le développement de la spiritualité du croyant et de sa foi en Dieu.

La magie a compris ce concept depuis fort longtemps et quand on pratique la magie il n’y a pas de notion de bien et de mal. Le mal n’existe tout simplement pas. Le bien non plus en l’occurrence. Tout n’est que forces naturelles de l’univers et ces forces, ces ondes, ne sont ni du bien ni du mal, ni de droite, ni de gauche. L’obscurantisme européen a opposé trop longtemps la magie blanche et la sorcellerie alors que d’autre part dans le monde, en Afrique notamment, les sorciers « travaillent des deux mains » et pratiquent aussi bien le mal que le bien sans faire de distinction entre les deux.

Tout est question de volonté. L’existence est un plan divin global que l'humanité ne peut comprendre et que les anges, en tant que messagers, nous aident à accepter en toute confiance.




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