Le culte des morts en Afrique

Masque d'egungun
Dans la plupart des religions en provenance de l'Afrique sub-saharienne, le culte des ancêtres est l'élément majeur des différentes croyances. Les disparus sont quelque part toujours présents au milieu des vivants et il existe comme un lien invisible entre les vivants et les morts qu'il est nécessaire d'entretenir au quotidien. Les décédés sont parfois invités à participer à des cérémonies (Egoun-goun) ou même des tâches de la vie quotidienne. Dans beaucoup de groupes ethniques, les ancêtres font l'objet de fêtes extraordinaires à différents moments de l'année. Chez les yoruba, qui représentent la plus grande communauté d'Afrique, ces manifestations sont semblables à un grand carnaval ou une mascarade.

L’Egungun est une croyance en la réincarnation de l'esprit des morts. Ils reviennent sur la terre, parmi les vivants, pour rendre visite à leur descendance. Mais pour qu'ils reviennent il faut les aider un peu et c'est le but principal de ces cérémonies.

 

Les cérémonies d'Egungun

Lors de ces cérémonies on s’adresse exclusivement aux ancêtres, et de manière institutionnalisée, pour traiter avec eux et en obtenir des bienfaits analogues à ceux que l’on pourrait obtenir d’une divinité.

La cérémonie se déroule sous la direction d'un maître officiant. Ce dernier porte un masque en bois. Il s’enveloppe des pieds à la tête avec des vêtements richement garnis avec des décorations de toutes sortes afin de dissimuler la moindre partie de son corps. En effet, si on voyait une partie de son corps quand il est possédé par l'esprit on pourrait en mourir.

Masque africain
Le masque de cérémonie est souvent à l'effigie d'un animal. Ce peut être un félin, tel un léopard ou une panthère, ou encore un serpent. Il arrive parfois que les masques représentent des hommes ne faisant pas partie de leur ethnie, particulièrement des européens. C'est peut-être parce que le culte des ancêtres et sa statuaire rituelle ont été systématiquement combattus par les missions catholiques et l'administration coloniale.

La mascarade commence toujours par une purification générale de ville à grand recours d'eau bénite. Des offrandes sont faites aux dieux à travers plusieurs rituels sacrés.

Pour entrer en communication avec les ancêtres, l'officiant doit entrer dans une transe. Cet état est atteint avec la musique et la danse. Cette dernière est souvent acrobatique. La musique provient principalement de percussions et du son des tam-tams. Le rythme s'accélère graduellement jusqu'à ce que les danseurs entrent en transe.

La couleur des masques à son importance. Les masques réputés pour leur extrême beauté ont une face blanche peinte au kaolin. Ils expriment la sérénité des anciens qui protègent le groupe et les conseillent depuis le royaume des morts. Les masques sont utilisés par des danseurs au cours des rites funéraires. Les masques noirs ont, quant à eux, une fonction judiciaire.
 

Les fondements du culte des ancêtres

Dans les cultures africaines, la tribu, le groupe, est considéré comme un être à part entière. Le culte des ancêtres est destiné à préserver cette cohésion sociale formée par la communauté. Lors de ces cérémonies, l'individu est convié à se mettre au service du groupe et à ne plus exister en tant qu'entité indépendante.

Il s'agit d'une culture familiale avec un sens très large du mot famille. Ce n'est pas comme dans nos civilisations occidentales où la famille se limite au couple et à ses enfants. Chez les Yoruba, la famille est constituée par l'ensemble des personnes ayant un lien de parenté, les grands-parents, petits-enfants, cousins, cousines, oncles, tantes, etc... Une tribu est composée de quelques familles seulement. Et le chef de la tribu n'est pas choisi au hasard. C'est tout simplement le chef de la famille qui compte le plus de membres. On l'appelle « le Bale ». C'est lui qui fixe les lois et fait appliquer la justice. Il est à ce titre dans l'obligation d'adopter tout enfant qui se retrouverait orphelin.

Le culte des ancêtres sert ainsi de code à une structure sociale ordonnée selon la généalogie. Mais il arrive très vite que les familles se lient entre-elles à l'occasion de différents mariages. Le village tout entier devient une famille.

Quand des villages se lient entre eux, il faut alors choisir un chef commun pour cette nouvelle communauté. C'est celui qu'on appelle le « Oba ». Il est le garant de la justice et de l'activité économique et sociale jusqu’à sa mort.

La réincarnation

Le peuple Yoruba croit très fortement en la réincarnation. Les morts passent devant un tribunal présidé par Olorun. Du jugement de ce dernier dépend la vie dans l'au-delà et la réincarnation sur la terre.

Si le mort a connu une existence exemplaire il doit en principe se réincarner dans un de ses descendant au bout de deux générations. Les morts reviennent donc et c'est l'une des raisons pour laquelle il faut toujours entretenir d'excellentes relations avec eux. L'origine du culte des ancêtres se trouve ici.

Mais il ne faut pas croire que les ancêtres vénérés sont principalement les parents en lignée directe. Chez les Ashanti c'est le frère de la mère, l'oncle, qui devient un ancêtre vénéré pour les enfants.

La maladie est une sorcellerie

Ce qu'il y a de particulier chez le peuple Yoruba est qu'il ne croit pas à la fatalité. Pour eux, la maladie ou un accident ne peuvent être que le résultat d'une action magique lancée par un sorcier. Mais les sortilèges de sorciers ne peuvent toucher que des individus. Quand une catastrophe survient dans le village c'est alors l’œuvre du Dieu du Tonnerre qui s'appelle Shango.

Le peuple Yoruba cherche à se protéger des actions maléfiques des sorciers. Ils disposent de prêtres qu'on appelle des « babalawo ». Ce sont des prêtres du culte Ifá.

Le babalawo possède une connaissance de la magie blanche et de l'herboristerie. Il pratique la médecine et dispose d'antidotes pour tous les maux. Mais ses tarifs sont très chers et la Sécurité Sociale n'existe pas chez les Yoruba.

Il ne reste donc pas beaucoup de solutions pour les plus démunis. Ils peuvent tenter de survivre en menant une existence irréprochable dans l'espoir de se réincarner dans deux générations. Ou alors ils ont la possibilité de rejoindre une communauté occulte qui pratique la magie noire. Il en existe plusieurs chez les Yoruba. La plus puissante est l'organisation secrète des Ogboni. Cette communauté a même réussi à infiltrer les plus hauts sommets de la politique. C'est un genre de mafia qui possède le pouvoir de vie et de mort sur ses adeptes. Quand l'un de ses membres n'était plus apprécié, le chef des Ogboni lui faisait envoyer une tasse de poison chez lui et il devait l'ingérer.


En savoir plus :
http://www.portailculturelbenin.org/origine-de-egungun-benin/
en anglais : http://yorubaperformance.weebly.com/the-image.html



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