Qu'est-ce que la démonologie ?

Démonologie
La démonologie est la science qui étudie les démons. Elle n'est apparue que tardivement, vers la fin du XIIIe siècle, quand la théologie (étude de Dieu) s'est divisée en deux nouvelles branches :
l'angéologie qui consiste à étudier les anges
la démonologie qui s'intéresse aux démons

Les buts recherchés dans la démonologie sont tout d'abord une classification hiérarchique des démons et ensuite de comprendre leur façon d'opérer. Pour bien les comprendre il faut connaitre leur histoire.

Il est important de ne pas confondre démonologie, réel travail de recherche, avec des cultes comme le satanisme. En démonologie, les démons ne sont pas vénérés, ils sont étudiés. L'histoire de la personnification du mal sous forme de démons, diables, esprits et entités malignes peut-être retracée à travers l'histoire de la pensée religieuse. Les démons sont mentionnés dans la Bible, le Coran ou la Torah. On peut en trouver dans toutes les civilisations anciennes, des Mayas au plus profond de la Chine.

Il est important de noter que la démonologie était conduite sous les auspices et avec les encouragements des plus hautes autorités catholiques de l'époque et du pape lui-même.

 

L'origine des démons

Bien que le terme « démon » ait acquit une connotation négative, le mot grec classique daimon (esprit) d'où il dérive à travers le latin médiéval était utilisé pour n'importe quel esprit bénéfique ou maléfique (agathos daimon). Héros déifié, semi-dieu ou esprit des ancêtres qui intercède entre le royaume transcendant et le royaume temporel, les démons étaient à l'origine des entités surnaturelles très variées.

C'est à la fin de la période gréco-romaine qu'apparut le terme daimonia qui était appliqué spécifiquement aux mauvais esprits. Leur principal travail était de tenter les humains vers le péché. La propagation du christianisme s'est ensuite appuyé sur le livre d'Hénoch où il est question des anges déchus. Les daimonia étaient ainsi des existences qui se trouvaient entre Dieu et l'humanité. Ce fut l'interprétation du terme daimonia qui fut adoptée dans la Septante, le Nouveau Testament et l'Eglise primitive.

La religion se met à développer un dualisme entre le bien et le mal et connait une période apocalyptique. Les démons sont de plus en plus considérés comme interférant avec les humains, les entraînants dans le péché et ainsi brisant leur relation à Dieu. L'idée originale de la religion juive était que Yahwe était entouré d'un panthéon comparable à celui de Zeus ou Odin. L'idée d'un panthéon était déplaisante pour les partisans d'un strict monothéisme. Les bene ha'elohim (les fils de Dieu) devinrent alors des figures ténébreuses. Les Anges, quant à eux, devinrent de simples messagers.

Que sont les démons ? Quelles sont les caractéristiques d'un démon ?

Un démon
Souvent décrits comme imprévisibles, magiques et captivants, les démons ont toujours vécu à proximité – beaucoup plus proches que les anges – des humains. Ils sont trop proches pour être ignorés et trop différents pour être connus. L'humanité a toujours considéré les démons avec ambivalence : comme des adversaires surnaturels qu'il faut combattre, mais aussi comme une source de secrets surhumains qu'on peut leur arracher. Universellement, les démons ont été considérés comme des agents du bien et du mal et ont été considérés comme des forces vitales ou négatives, mais partagent des caractéristiques essentielles : toutes les espèces de démons sont des esprits surnaturels de statut semi-divin dotés d'une énergie illimitée, de natures excessivement passionnées, de talents changeants, ayant une préférence pour la dissimulation et un goût pour habiter les ténèbres.

Les démons sont partout, dans toutes les parties du monde et à chaque moment de l'histoire. Ils sont aussi invisibles que des microbes. Ils habitent chaque grain de sable et chaque goutte d'eau. Ils se cachent à la croisée des chemins, s’accroupissent à la porte, se cachent dans les arbres, se glissent dans le lit, attendent dans des grottes, descendent des cheminées, survolent des mariages et des accouchements, suivent des caravanes, prétendent être des amis, des camarades, ou des grands-mères. Ils se glissent dans votre esprit et deviennent votre moi. Les démons incluent les genii loci, les « esprit du lieu », qui imprègnent et protègent leurs habitats naturels à tout prix et les fées qui se sont retirées de plus en plus loin dans les dernières poches de nature sauvage. Ces agents clandestins attendent l'intrus, le voyageur humain imprudent, s'attendant à leurs dîmes habituelles.

D'autres démons sont des personnifications de nos propres passions, impulsions et désirs, qui se cachent dans le terrain sombre et caché de notre inconscient, et leurs habitudes permettent de mieux comprendre la nature de notre esprit. D'autres encore servent d'explications à des malheurs ou à des événements aberrants, ou sont considérés comme des présages portant des prophéties effrayantes de mort ou de malheur. Le large éventail de fonctions et de rôles attribués aux démons est aussi fascinant que leurs intenses personnalités.

L'idée directrice de la démonologie

Avec tous ces démons connus depuis l'Antiquité et tant d'autres découverts par la suite, il devenait urgent de les répertorier, de les classer, de les identifier. C'est sur le modèle de la classification du naturaliste suédois Carl von Linné, pourtant apparue bien plus tard, que la démonologie pose ses bases à la fin du XIIIe siècle. En effet, ce ne sera qu'en 1753 que Linné fait publier Species plantarum (les espèces des plantes) où il décrit environ 8 000 végétaux différents pour lesquels il met en application de manière systématique la nomenclature binominale dont il est l'inventeur. Linné a appliqué le concept de « race » à l'homme (ainsi qu'aux créatures mythologiques). Chaque « race » possédait certaines caractéristiques que Linné considérait comme endémiques pour les individus qui la représentaient.

Linné se risqua à classer dans ses ouvrages des catégories d'hommes « monstrueux » tels que les nains des Alpes, les géants de Patagonie et les Hottentots monorchides. Dans Amoenitates academicae, publié en 1763, il définit l'Homo anthropomorpha comme un terme fourre-tout pour une variété de créatures mythologiques d'apparence humanoïde assez proche de l'homme, tels le troglodyte, le satyre, l'hydre, le phœnix, etc. Il y décrit également le Juvenis lupinus hessensis ou garçons-loups. Il pensait alors qu'ils avaient été élevés par des animaux. Dans le même esprit on y trouve le Juvenis hannoveranus (Pierre de Hanovre) et la Puella campanica où Linné évoque la fille sauvage de Songy.

Linné commença par diviser les êtres naturels en trois règnes :
minéral
végétal
animal

La taxinomie, c'est à dire la classification en elle-même, évolue ensuite pour faire apparaître une hiérarchie dans le monde vivant :
embranchement
classe
ordre
famille
genre
espèce
sous-espèce

En réalité, Linné n'a rien inventé. Il était connu pour être un fervent chrétien et il se serait tout simplement inspiré de la Classification des démons telle qu'elle existait déjà à l'époque. La Classification des démons est basée en grande partie sur les indications fournies par les premiers théologiens Chrétiens. Dès le 5ème siècle, un philosophe avait tenté de diviser les démons en 5 catégories basées sur les quatre éléments (air, terre, eau, feu) avec un cinquième élément se trouvant quelque-part sous terre. Michael Psellus, au XIème siècle, ajouta une sixième catégorie consacrée aux démons fantômes.

Les classifications des démons au Moyen-Âge

Au Moyen–Âge et au début de la Renaissance, la pratique de la magie et le développement de la sorcellerie ont engendré des classifications beaucoup plus complexes. Il existerait six sortes de démons.

1) Les Ignes concernent les démons qui errent autour de la région de l'air. Ils n'ont que peu de contacts avec les êtres humains.

2) Les Aeriens sont des démons qui vivent dans l'air, tout près de nous. Ils créent des tempêtes et le tonnerres et peuvent modifier leur apparence a volonté.

3) Les Terrestres ont été précipités du Ciel sur la Terre par leurs démérites. On les rencontre dans les bois où ils tendent des pièges aux chasseurs ; dans les campagnes attendant le voyageur égaré ; dans les villes au contact proche des humains.

4) Les Aquatiques sont des démons qui résident dans l'eau des mers, des lacs et des rivières. Ils forment des cyclones sur la mer, submergent les navires, sont à l'origine des raz-de-marée. S’ils s’incarnent dans un corps fait de chair et d'os, ils préfèrent apparaître sous des traits féminins.

5) Les Souterrains se rencontrent dans les grottes et les cavités reculées des montagnes. Ils s’attaquent principalement aux chercheurs de trésors en provoquant des éboulements, des glissements de terrain et autres catastrophes naturelles. Ils se font les gardiens ou dépositaires des trésors cachés par les hommes.

6) Les Lucifuges rassemblent le sixième genre de démons. Ces derniers fuient les rayons du soleil. On ne peut les rencontrer que dans l'obscurité de la nuit.

Un fois posée cette liste de grands Genres, la classification se poursuit à l'intérieur de chacun d'eux. Mais cette fois il existe différentes formes de hiérarchie, selon les courants de pensée et les démonologues.

La hiérarchie des démons

Démon avec cornes et pieds de bouc
D'après la Bible, les démons répondent à une hiérarchie bien déterminée semblable à celle des militaires. Un passage de la Bible (Marc 5:9) fait mention d'un homme possédé se dénommant Légion à cause de son degré de possession.

On retrouve donc la classification suivante :

Princes des enfers
Sous-princes
leurs légions de démons respectives qui peuvent elles-mêmes se diviser en différents groupes selon les affinités et les caractéristiques de chaque démon. On y trouve des ambassadeurs, des démons familiers, des hauts dignitaires, des ministres, des ducs, des comtes, etc.


Certains prétendent qu'il est possible de reconnaitre la hiérarchie aux nombre de cornes qu'un démon possèdent. Plus il aura de cornes, plus il sera élevé dans la hiérarchie ; ou plus elles sont imposantes et plus grand seront ses pouvoirs.

D'autres classifications ne sont pas basées sur le monde militaire mais sur celui de l'aristocratie :

Princes
Ducs
Comtes
Démons majeurs
Démons intermédiaires
Démons mineurs

Chaque démon peut être classé suivant différentes catégories. Une liste de ces catégorie est présentée sur le site dark-refuge.com

- Alrunes
- Asouras
- Babuces
- Cabires
- Cacodémons
- Cauchemars
- Chauche-poulets
- Cobales
- Courils
- Dakinis
- Dives
- Djinns
- Dracs
- Drolles
- Duergars
- Empuses
- Farfadets
- Furies
- Gnomes
- Gobelins
- Gorgones
- Goules
- Harpies
- Idioximes
- Imps
- Incubes
- Kérès
- Larves
- Léchies
- Madans
- Nymphes
- Onoscèles
- Salamandres
- Satyres
- Sindongmas
- Sotrès
- Succubes
- Sylphes
- Sylvains
 

Les gardiens des sanctuaires

Démons gardiens du sanctuaire
Certains démons servent de portails au sol sacré. Parce que les démons peuvent être protecteurs (parfois surprotecteurs), ils ont souvent été employés comme esprits gardiens pour surveiller l'entrée d'un sanctuaire. Ils se tenaient sur le portail, découvraient leurs crocs et repoussaient férocement les esprits malveillants qui s'envolaient avec horreur. Ils avaient un effet fascinant sur tout être humain qui entrait avec un mauvais esprit. Cette fonction démoniaque utile et détournant le mal est toujours affichée dans de nombreuses cultures sur les lieux de culte. Elle est affichée sur nos églises dans la représentation des gargouilles. Elle se poursuit sous une forme plus dissimulée au moment même où le voyageur mythique s’approche d’une forêt ou tente l’ascension d’une montagne, un passage dans le désert, ou se trouve au bord d’une rivière, au puits, ou au seuil de sa porte.

Cette fonction de Gardien des Portes attribuée aux entités démoniaques est considérée comme l'une des plus pertinentes. Dans toutes les cultures, la présence même d'un démon – ou de sa réputation de se moquer d'un endroit précis – alerte le voyageur sur un tabou qui indique en soi la présence de pouvoirs divins. La nature sacrée de la forêt, du désert, de l'eau et de la montagne doit être assumée si des avertissements de démons sont en vigueur. Ces esprits intérieurs sont des rappels pour éviter une certaine action ou pour l'exécuter d'une manière prescrite. C'est aussi une mise en garde pour ne pas risquer de provoquer la colère divine.

Dans le passé, les démons, comme les panneaux clignotants que l'on rencontre sur nos routes, exigeaient de l'attention et définissaient les limites. Leur tradition exprime une vision du monde animiste dans laquelle la nature sauvage a tenu des lieux "interdits" et on croyait que la terre était imprégnée d'esprits sacrés, certains bénéfiques, d'autres nuisibles et d'autres capricieux. La géographie des rencontres de démons est marquée par de nombreux peuples sur les cartes sacrées, et à travers le monde, ces lieux sont encore des lieux de cérémonies. De nombreux peuples croient aujourd'hui à l'existence littérale de telles figures, tandis que d'autres y voient une métaphore. Dans les deux cas, ils servent à nous rappeler avec leurs gestes qu'il existe des risques d’avalanche, d’inondations, de tempêtes de sable et d’actes de chaos qui sont les conséquences de nos actes de cupidité, de spoliation et de déforestation, et qu’une attitude d’humilité est plus appropriée face à la puissance incroyable de la nature.

Les démons comme reflets du comportement humain

Les démons sont aussi l'essence du récit humain. Partout, les gens racontent des histoires similaires, qui servent à transmettre des valeurs et contiennent des messages clairs sur les traits jugés souhaitables ou indésirables. Les démons sont des interprètes brillants qui nous divertissent à merveille en tant que filou espiègle ou tentatrice sensuelle, qui sont devenus nos complots classiques. Tout ceci nous fournit des modèles de comportement humain et, par là même, donnent un sens et une valeur à la vie. Sans le choix entre le démoniaque et, à défaut d'un meilleur mot, l'angélique, il ne peut y avoir aucune morale à l'histoire. Il ne peut même pas y avoir de complot. Il ne peut y avoir aucune histoire sans lutte interne ou externe ; pas de héros sans antagoniste ; on a rien sans rien ; pas de réprimande, pas de quête. Le démon est toujours un défi.

La tradition démoniaque était un divertissement de feu de camp avant que la télévision ne soit inventée. De nombreux scénarios macabres semblent être concoctés comme des thrillers. Les esprits se surpassent : quoi de pire qu'un géant à tête de buffle ? Un centaure sans peau. Quoi de pire que de le rencontrer sur un chemin de montagne isolé ? Que diriez-vous si vous le trouvez dans votre lit quand vous vous y attendiez le moins ? Pire ? Et si vous pensez toujours qu'il était votre mari ? La plupart des fonctions d'épouvante des créatures démoniaques étaient probablement destinées à effrayer les jeunes enfants pour les maintenir à proximité, et l'humour dans le récit de ces histoires ne vise pas à un manque de respect, mais semble implicite dans la nature de certains contes populaires.

Des acteurs dramatiques de premier ordre

Notez que la plupart des démons, des fées et des anges déchus sont rencontrés, traînant leur réputation derrière eux, juste au moment où ils sont sur le point d’être vaincus ou dépassés. Alors nous les voyons dans leur dernier éclat de gloire, rugissant et brillant comme le bouquet final des feux d’artifice. Le démon est l'artiste de performance par excellence avec un répertoire infini de rôles. Son motif est de tromper, de mentir pour enchanter complètement sa victime – parfois avec un dénouement fatal, mais parfois pour un peu de divertissement (ils ne savent jamais quand arrêter).

Lorsqu'un acteur humain sacrifie son être tout entier au personnage qu'il joue, prêtant son corps, ses gestes, sa voix et son énergie pour créer un "vrai" être fictif, il enchante le public et le transporte dans son monde imaginaire. Le démon, comme un brillant acteur, est un virtuose qui ira à l'extrême pour créer les illusions qui vont convaincre son auditoire de suspendre son incrédulité et de s'oublier complètement. Le public humain peut apprendre de ces performances démoniaques pour apprécier la puissance de l'art de la fiction.

Reflets de nos émotions

Le démon, en plus de sa fonction de protecteur sur le portail du sanctuaire, de l'artiste interprète ou du comploteur, offre également un miroir magnifiant nos passions. Quand ils ont soif, ils sont implacables et presque imparables et le mal qu'ils font est rarement gratuit, à moins que vous ne leur fassiez obstacle. Ils sont inadmissibles, mais seulement quand ils sont aveuglés par la passion. Il sont des bourreaux obsessionnels, scandaleux dans la colère. Commencent-ils à vous sembler familiers ? Nous pouvons obtenir des informations précieuses sur la nature de nos passions à partir de ces incarnations distillées de nos émotions les plus dévastatrices. Qu'est-ce que l'amour humain sans désir ? Pourtant, pour voir où le Désir peut mener, suivez la créature à la fourrure qui se dirige vers Lust avec sa verve diabolique habituelle (voir les sept péchés capitaux de Psyché). Les démons n'ont pas de mot pour la modération.

Une grande partie de l'humour de la tradition démoniaque existe dans les habitudes répugnantes des espèces démoniaques irrationnelles et in-civilisées qui agissent de manière scandaleuse : le Japonais incroyablement rude Oni ingère plusieurs vignobles de vin et tous ses chiens en une fois et crache des rivières quand il rit ; le kappa atteint toujours avidement le foie d'une vache par l'anus, mais son bras se brise à chaque fois que l'animal s'emballe, mais il n'apprend jamais ; l'excentrique Wood-Wife ne supporte pas les graines de cumin et crie avec indignation : « Ils ont mis des graines de cumin dans mon pain ! » et maudit la famille de paysans pour toujours. Tous ces comportements exagérés provoquent le rire en partie parce qu’il est reconnaissable : tous ces désirs inconscients, ces convoitises débridées et ces gourmandises normalement réprimées sont ce en quoi les créatures impensables et insatiables sont constituées.

Comment vaincre les démons ?

Les démons seraient pratiquement imparables sans les rares attributs importants dont ils manquent universellement : ils n'ont aucune capacité de raisonnement, d'amour ou de compassion. Le héros humain a la lumière du jour et la raison de son côté parce que la plupart des démons sont condamnés à disparaître à l’aube. Beaucoup des démons les plus puissants peuvent être aussi facilement trompés que les petits enfants, car, bien que surnaturels, ils manquent de l'intelligence des anges ou de la capacité potentielle de l'homme à penser de manière logique ou à acquérir de la sagesse. Ils n'ont pas non plus la capacité humaine de rationaliser ou de justifier une action. Ils sont simplement. Ils sont aussi littéralement sans cœur et l'amour leur est si étranger qu'il peut les fondre.

À l'instar des êtres humains qui ne peuvent pas agir raisonnablement lorsqu'ils sont en proie à la colère, ou qui réfléchissent à leur histoire lorsqu'ils sont déterminés à obtenir ce qu'ils veulent, les démons sont entièrement animés d'instinct. En fait, beaucoup ne sont que des hypostatisations du désir. Lorsque les héros humains utilisent la conscience, la raison, l’amour et la compassion comme « armes », le démon est rendu impuissant. L'immense Djinn est amené à retourner dans sa bouteille et à y rester scellé ; le Dodo qui a mangé tout le buffet de mariage (avec les invités) continue à se gaver, cette fois-ci sur une épée offerte, et il meurt, libérant tous les invités ; Lilith, traînée dans un miroir et révélée pour ce qu'elle est vraiment, disparaît instantanément.

Le gardien du trésor

Enfin, c'est le démon qui garde le trésor (que ce soit l'or ou une récompense immatérielle) et doit être conquis avant qu'un héros ou une héroïne puisse le réclamer. Fréquemment le héros qui rencontre le démon est transporté dans l’Autre Monde par enlèvement ou parfois par son propre choix. Dans les deux cas, lorsque l'explorateur revient, il est radicalement transformé par le voyage. Les esprits qui pilotent les voyages sont toujours à double face – détenant la connaissance et le danger – et sont capables de donner des dons de pouvoirs surnaturels de guérison et d'art (comme les fées de Ponaturi qui sont la source de toutes les sculptures maories).

Le voyageur mythique qui réussit à tirer profit de sa rencontre démoniaque a besoin de qualités spéciales pour réussir. La motivation compte et, d'une manière ou d'une autre, tous les esprits démoniaques – le Juif Shedim, le Djinn arabe, le Leshii russe – discernent ce qui est au cœur du héros. Au coupable va le prix ; au tiers innocent la victoire ; à l'humble passant, l'anneau d'or. Tous, méchants, envieux, vains voyageurs humains finissent mal.

Tout au long de l’histoire des démons, le genre a été associé à des forces malignes (ou à des pouvoirs destructeurs de la nature), tels que les tempêtes et les maladies, en partie parce qu’elles expliquaient depuis longtemps des phénomènes naturels aberrants. Les démons ont été tenus pour responsables d’événements tels que les éclipses, les comètes, les éruptions volcaniques et les maladies mentales et physiques de toutes sortes (un « accident vasculaire cérébral » résultant du « coup de fée », compris comme une cause de paralysie soudaine). Certains étaient considérés à la fois comme des agents de la fortune et du malheur, des porteurs de la mort lorsqu'ils étaient vus et des chorégraphes du destin.

Dans toutes les traditions, les esprits démoniaques ont évité la lumière du soleil, l'amour, la vérité ou la raison. Cependant, tous ces esprits subversifs lancent nos idées universelles du Bien dans un soulagement illuminé. Ce sont les notes de grâce qui renforcent le chant du cœur des hommes. Par inadvertance, ils contribuent à l'émergence de la notion de bonté dans l'humanité, car sans l'existence du mal il n'y aurait pas non plus le Bien.


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