Le Moyen Âge : l'obsession du Diable

Symbole satanique
La période historique du Moyen Âge cristallise un ensemble de terreurs parmi lesquelles la crainte du Diable tient une bonne place. Elle est attisée par toutes les hérésies chrétiennes, les massacres, les croisades, les schismes et les pogroms. Son point culminant sera la « Chasse aux sorcières » et l'Inquisition.

Pendant ce temps, les autres religions monothéistes adoptent des approches différentes du Diable. Dans l'Islam, Iblis n'est qu'un ange déchu, rejeté par Allah pour avoir refusé de se prosterner devant l'être de terre qu'était le premier homme Adam. Pour sa défense, Iblis a simplement dit qu'il était fait de fer et qu'il n'avait donc pas à s'abaisser devant un être de terre. Iblis n'a rien du Diable chrétien. Ce n'est qu'un Djinn subversif qui introduit de mauvaises pensées dans l'esprit des hommes. Il n'a en soi rien de terrorisant et ne joue qu’un rôle secondaire.

Dans le judaïsme Satan n'est pas vu comme l'opposé de Dieu mais comme sa création destinée à jouer un rôle d'accusateur, de séducteur et de destructeur auprès des hommes. Il désigne la personne chargée de l’accusation au tribunal des hommes.

Si on fait abstraction des textes kabbalistiques du Moyen Âge qui font preuve d'un manichéisme et d'un dualisme intégral, ce n'est finalement qu'en Europe, dominée par le christianisme, que Satan est omniprésent à tous les niveaux de la société.



Lucifuge Rocofale
Pourtant, Satan fait également l’objet de nombreuses interrogations théologiques :
a-t-il été voulu par Dieu ?
Son caractère maléfique est-il le fruit de son libre choix ?
Possède-t-il de grands pouvoirs ou reste-t-il relativement impuissant ?

Mais l'éclatement de cette obsession du Diable est finalement le résultat de faits historiques (apparition du catharisme, invasions ottomanes, guerres sans fin) couplé à des événements « apocalyptiques » (épidémies, famines, bandits de grands chemins). Il naquit alors dans l'Europe chrétienne du Moyen Âge une atmosphère crépusculaire favorable à la croyance au Diable en tant qu’être puissant et maléfique s’insinuant au sein même du monde des hommes.

Les autorités religieuses analysent tous les malheurs des hommes comme l’œuvre de Satan. Dès lors, une véritable répression s’installe envers les croyants refusant les doctrines chrétiennes (croisade contre les Albigeois) et les fidèles d’une foi différente indubitablement diabolique (croisades contre les « Sarrasins », pogroms contre les juifs) ainsi qu’envers tous ceux suspectés de se livrer à des cérémonies sataniques (« messes noires ») ou à des pratiques de sorcellerie (« sabbats »). C’est ainsi que l’Inquisition et les prêtres exorcistes sont créés pour dénicher et éradiquer les suppôts de Satan.

Il en advint une peur viscérale du Diable.
 

L'érosion, le scepticisme et le changement d'attitude

Les accusations de pratiques sataniques du XIIe au XVIIe siècle ne concernaient, en réalité, que des croyants faiblement instruits et christianisés, mêlant des pratiques païennes traditionnelles avec les doctrines chrétiennes, ou des fidèles d’une autre foi, voire des personnes suffisamment fragiles psychologiquement pour s’autoconvaincre de pratiques ou de pouvoirs diaboliques. Les aveux étaient bien souvent fait sous la torture.

Représentation de Satan
C'est alors qu'on assiste dans l'opinion public à la montée d'un « scepticisme intellectuel » remettant en cause les croyances en l’action du Diable sur le monde des hommes.

Les injustices et les pratiques répressives sont dénoncées. Le caractère truqué des procès pour sorcellerie est révélé. Finalement, c'est en 1682 que le crime de sorcellerie est abrogé en France.

Mais le mal était fait : Satan avait été personnifié. Il incarnait le Mal sur terre. Le Diable était devenu un « personnage » mythique glorifié par les artistes au grade de Héros fascinant et séduisant.

Tous les déçus du christianisme développent alors un nouveau culte représentant l'antithèse du credo chrétien : le culte du Diable.
 

Naissance du satanisme sauvage

Ce sont les intellectuels et les écrivains, voire des membres de la cour royale, qui les premiers s'emparent du thème du Diable et jettent les fondements de pratiques et de rites destinés à invoquer et vénérer Satan. Le courant du « romantisme noir » du XIXe siècle sera même l’occasion de voir émerger une fascination pour les personnages intrigants, singuliers et attirants que sont Satan, Belzébuth, Méphistophélès et Lucifer. On les appelle parfois les romantiques gothiques, souvent confondu avec le style fantastique, il s'agit d'un mouvement littéraire apparu à la fin du XVIIIe siècle qui regroupe des auteurs de diverses nationalités unis autour de thématiques communes : le mystère, la mort, l’occultisme, la provocation… L'un des poètes les plus célèbres de ce courant littéraire est Charles Baudelaire dont les écrits baignent dans le « spleen ». On le surnomme « le poète maudit ». Il aborde des sujets tels que l'ennui, la tristesse, la mort, Dieu et le Diable (exemple: Les Litanies de Satan des Fleurs du Mal).

Les symboles inversés
On dit que c'est l'abbé Guibourg et sa compagne, Catherine Lavoisin (« sorcière » exécutée en 1680 pour avoir participé à l’affaire dite « des poisons »), qui sont à l'origine de la naissance du culte de Satan et du satanisme avec leurs messes noires et leurs messes rouges.

A cette époque, le satanisme se déroule beaucoup plus par la pratique que par la théorie. Il n'y a pas de véritable doctrine. Le Diable est vénéré comme étant l'antithèse de Dieu, tout simplement. Les rituels sont calqués sur les rites de l'Eglise Romaine mais avec les symboles systématiquement inversés. Le satanisme des premiers temps est donc un satanisme simple.

A partir de là, le Culte du Diable se développe et se ramifie en différents courants.



 

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