La croyance viendrait directement d'Afrique, de pays comme le Burkina Faso ou le Sénégal. Dans ces pays on l'appelle
« mari de nuit ». Il s'agit d'un démon dont le seul but est d'assouvir ses désirs sexuels. Pour cela il s'en prend aux hommes ou aux femmes endormis.
Vente d'esclaves
Pour comprendre l'apparition de la croyance au dorlis à la Martinique il est utile d'explorer le cadre historique qui engendre la production d'un tel imaginaire. Pour cela il convient de remonter à la période de l’esclavage. Les esclaves se voient refusés la maîtrise de leur sexualité et de leur postérité. Ils ne sont considérés que comme objets ou comme outils. La femme noire n'a plus sa sexualité propre, intime et personnelle. On lui interdit tout désir.
C’est dans ce contexte là, marqué par la castration, l’impuissance, le refoulement, que va se construire la légende du dorlis. Ce démon est un être immatériel, invisible qui se joue de tous les obstacles pour se manifester comme partenaire sexuel abusif.
La visée n’est ni la chair, ni le sexe mais bien le déchaînement de la puissance sexuelle. Ce démon imaginaire réveille la part du ça « verrouillé » dans la femme. Il devient le symbole d’une virilité perverse et même d’une glorification du sexe masculin. Lorsque le réel écrase, le seul recours est le rêve et l’imagination.
Mais pendant la journée le dorlis est un homme ou une femme tout ce qu'il y a de plus normal. Ce n'est que la nuit tombée qu'il a le pouvoir de se rendre invisible ou de se métamorphoser en une forme animale imprécise pour ensuite abuser de sa victime pendant son sommeil.