Les loups-garous n'étaient pas les seuls en ces bons temps qui mangeassent de la chair fraîche. Sans parler des
ogres, que l'on redoute encore dans un foule de villages, il y avait bien d'autres
Vampires, qui à la vérité n'étaient pas morts, mais qui n'en étaient pas moins malfaisants. On ne rapportera point ici la hideuse histoire de
Gilles de Laval (7), qui fit mourir des centaines d'enfants pour satisfaire à une démence infâme à des débauches qu'on ne se hâta pas de punir, parce que le coupable était puissant.
Ouvrez les théologiens qui ont décrit le
sabbat, vous y verrez des sorcières occupées à
faire cuire et à manger de jeunes enfants... On voulait brûler les sorciers ; il fallait des crimes ; on leur attribuait les idées les plus horribles :
on les leur faisait avouer avec les doux moyens de la torture.
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Notes :
(1) Voyez, dans le Démoniana de madame Gabrielle de P., une historiette assez agréable intitulée la Course du loup-garou, p. 205. C'est un extrait piquant des lourdes aventures de M. Oufle, par l'abbé Bordelon.
(2) Bouget. Discours exécrables des sorciers.
(3) Histoire de la Magie en France p. 118. On voit dans le même ouvrage plusieurs autres loups-garous brûlés pour avoir mangé des petits enfants, même le jour du vendredi…..
(4) Ou contre-poison du Dictionnaire infernal, p. 84.
(5) Tableau de l'Inconstance des mauvais anges et démons. Liv. IV, p. 304.
(6) Les loups-garous devaient être communs, dans des temps où le peuple était plongé dans de misères que nous soupçonnons à peine. De travaux excessifs et la faim amenaient la mélancolie noire. Les prêtres et les moines, qui ne pouvaient autrement retenir le malheureux dans se devoirs trop pénibles envers tous ses nombreux tyrans, attestaient toutes les histoires de spectres, de sorciers, de loups-garous. Le paysan, dont le cerveau était troublé, les organes affaiblis, devenait loup-garou, et courait les champs. Peut-être espérait-il moins de maux avec le diable qu'avec ses maîtres. Quoiqu'on sût bien qu'il n'était pas loup, on le brûlait pour la gloire de la religion, etc. Aussi les malheureux craignaient les moines et haïssaient Dieu.
(7) Référence à Gilles de Rais, alias Barbe-Bleue
Source :
Tiré de « Histoire des Vampires et des Spectres malfaisants », par Jacques Albin Simon Collin de Plancy, Paris, 1820