La religion Lucumi aux USA

Lucumi
Les esclaves Yoruba ont apporté avec eux diverses coutumes religieuses, y compris un système de divination qui utilise des phases de transes pour communiquer avec leurs ancêtres et leurs divinités, les sacrifices d'animaux, le tambour sacré et la danse rituelle.

La nécessité de préserver leurs traditions et leurs systèmes de croyance dans un environnement culturel hostile les a incité à fusionner leurs coutumes avec certains aspects du catholicisme romain.

Les lois coloniales criminalisent leur religion. Les esclaves ont été forcés de se faire baptiser et d'adorer un dieu que leurs ancêtres ne connaissaient pas et qui était entouré d'un panthéon de saints. C’est ainsi qu’à Cuba, dès 1515, les esclaves Yoruba fusionnent leurs coutumes avec des aspects du catholicisme romain. Cette tradition religieuse africaine s'est transformée en ce qui est maintenant connu sous le nom de Santería.

 

Naissance de la Santéria à Cuba

La Santería était née. C’est un système de croyances qui fusionne des aspects de la religion yoruba, apportés au Nouveau Monde par des esclaves Yoruba, avec le christianisme et les religions des peuples autochtones des Amériques.

Un sentiment d'espoir soutenait l'essence interne de ce que l'on appelle aujourd'hui Santería, un nom propre (et anciennement péjoratif) pour désigner la religion indigène du peuple lukumi du Nigéria. Leur religion, fondée sur le culte de la nature, a été reconnue et documentée par les propriétaires d'esclaves.

Santería est un terme péjoratif qui caractérise les formes déviantes catholiques d'adoration des saints. C’est devenu par la suite un nom commun pour désigner cette religion. Le terme santero(a) est utilisé pour décrire un prêtre ou une prêtresse remplaçant le terme traditionnel Olorisha en tant que prolongement des divinités. Les orishas sont connus comme les saints à l'image du panthéon catholique. Afin de préserver et de protéger (masquer) leurs croyances traditionnelles, les esclaves Lucumi ont syncrétisé leurs Orichás avec des saints catholiques. En conséquence, les termes « saint » et « orichá » sont communément utilisés de manière interchangeable parmi les praticiens. Les européens pensaient que les esclaves africains avaient adopté la religion catholique et en étaient de fervents pratiquant alors qu’en réalité ils pratiquaient leur religion ancestrale dissimulée sous des pratiques chrétiennes.

Le culte Orisha-Voodoo

Malgré l’importance de l’esclavage aux Etats-Unis, les religions syncrétiques ne s’y sont pas développé de la même manière que dans les colonies espagnoles. On peut trouver à cela diverses explications. Tout d’abord, les colonies britanniques sont protestantes et les règles sont beaucoup plus strictes. Mais il était permis aux africains de conserver des communautés. La rigidité du culte catholique interdisait la continuité des traditions africaines. Les Yoruba ont donc été obligé de pratiquer leur religion sous couvert des Saints de l’Eglise, en dissimulant leurs véritables rites.

Mais on peut alors se demander pourquoi il ne subsiste rien des traditions africaines aux Etats-Unis. A La Nouvelle-Orléans il existe bien le Voodoo, issu de la religion du peuple fon, mais il faut se rappeler que la Louisiane n’était pas une colonie anglaise mais qu’elle était française.

Tardivement on vit apparaître aux USA des pratiques venant de Porto-Rico : l’Espiritismo.

Il faut attendre la révolution castriste pour voir débarquer aux Etats-Unis des immigrés cubains pratiquant la Santéria. Celle-ci absorba rapidement l’espiritismo et emprunta des éléments au vaudou haïtien et à l’Egypte antique. Ce n’était donc plus exactement la Santéria mais un nouveau culte qu’on appela le Santérismo.

Les noirs américains voyaient donc qu’encore une fois les blancs s’appropriaient leur culture ancestrale africaine par le biais des hispaniques et des « latinos ». Se voyant dépouillés d’un héritage tribal important pour leur culture ils tentent d’africaniser la santéria en la débarrassant de toute trace de catholicisme.

Ce fut la naissance du culte Orisha-Voodoo dont le nationaliste noir Walter King est le fondateur. Il se proclama « Roi des Yoruba d’Amérique ».

Le Lucumi aux Etats-Unis

L’orisha-voodoo était donc une version épurée de la santéria. Elle n’avait plus ses apports hispaniques porteurs d’un souvenir à l’esclavagisme. L’orisha-voodoo pratiquait le culte des Orichas. Ce culte fut désigné sous le nom de lucumi.

Cette religion lucumi, toujours dans un besoin de s’éloigner un peu plus des religions européennes, se rapprocha tout naturellement des cultes des indiens autochtones. Mais les rapprochements ne se limitent pas à ça. Le culte lucumi va progressivement intégrer des pratiques venant du néo-paganisme et de la wicca.

Les purs défenseurs du culte traditionnel des Yoruba veulent imposer la divination Ifà et revenir aux sources de la religion des ancêtres venus d’Afrique. Mais ils rencontrent une opposition faisant valoir qu’il fallait tenir compte de la diaspora et des influences qu’elle avait subit. On ne peut raisonnablement pas réduire les religions de la diaspora à de simples rites de sorcellerie ou de magie imprégnés d’occultisme.

L’église Lucumi de Babalu Aye en Floride

Un début d’unification du culte Lucumi eut lieu avec la création de l’église de Babalu Aye en Floride en 1974. Cette église fut le premier culte d’origine africaine reconnu comme religion légitime aux USA.

En 2001, il y avait environ 22 000 pratiquants aux États-Unis mais le nombre peut être plus élevé car certains praticiens peuvent être réticents à divulguer leur religion lors d'un recensement du gouvernement ou à l’avouer à un chercheur universitaire. Parmi ceux qui vivent aux États-Unis, certains sont des prêtres et des prêtresses pleinement engagés, d'autres sont des enfants de dieu ou des membres d'une tradition particulière de la maison, et beaucoup sont des clients non engagés qui cherchent de l'aide pour leurs problèmes quotidiens.

Les guérisons traditionnelles Lucumi

Les pratiques de guérison traditionnelles de Lucum sont enracinées dans les influences spirituelles d'Amérique, d'Europe et d'Afrique de l'Ouest. Ayant une composante spirituelle forte, ces pratiques de guérison traditionnelles utilisent également les voies de l'herboristerie, de la psychologie, du respect de l'éthique et de la médiation spirituelle qui est un intermédiaire entre Dieu et les êtres humains.

Le Lucumi se réfère aux pratiques de guérison traditionnelles cubaines en tant que médecine alternative, exploitant les propriétés chimiques biodynamiques de certaines plantes, à partir desquelles certains médicaments commerciaux sont d’ailleurs dérivés, tels que les médicaments pour le cœur (la digitale, la quinine) et des produits chimiques essentiels causant une paralysie neuro-musculaire.

En 1993, la question des sacrifices d'animaux du Lucumi a été portée devant la Cour suprême des États-Unis dans l'affaire de l’Église de Lukumi Babalu Aye contre la Ville de Hialeah. Le tribunal a statué que les lois sur la cruauté envers les animaux qui visaient spécifiquement la Santería et le Lucumi étaient anticonstitutionnelles.

Une religion similaire au Lucumi, d'origine yoruba, appelée Candomblé Ketu, est pratiquée au Brésil, en Argentine et en Uruguay.




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