Les facteurs d'islamisation de
populations africaines sont relativement mal connus. Il semble que le commerce ait joué un rôle essentiel du fait des contacts permanents entre l'Afrique subsaharienne. La conversion à l'islam de ces royaumes est le fruit d'un contact prolongé avec les réseaux commerciaux islamiques.
Au début du XX° siècle, des analyses sur « l'islam noir » visent à déterminer sur quels réseaux confrériques s'appuyer afin de maintenir la séparation entre cet « Islam noir » et le reste du « monde musulman », alors dominé par les Turcs. Paul Marty (n. 1882, m. 1938) développa la théorie selon laquelle «
l'islamisation par l'amulette » est un de ces procédés merveilleux par lesquels
la religion d'Allah pénètre les masses fétichistes et y ouvre la première brèche avec plus de succès que l'inlassable dévouement de prédication et les exemples d'austérité de vie des ministres chrétiens.
Paul Marty explique que « l'amour du Noir pour le petit papier est connu, que ce soit le permis de voyage qu'il vient réclamer quand il n'en a nul besoin, ou le ticket de train qu'il se voit reprendre avec douleur. Mais ce n'est pas tout. Chez ces peuples ignorants, ou à peine sortis de l'ignorance, l'écriture bien plus encore que le langage et tous les autres concepts intellectuels ou manuels, possède essentiellement, à côté de ces
propriétés miraculeuses, un caractère et des vertus mystiques ».
Mais c'est la diffusion du soufisme, et notamment du soufisme confrérique à partir du VIIe/XIIIe siècle, qui a eu un rôle majeur dans le développement d'une magie islamique et non plus astrologique réservée à une élite.