Le Quimbois

Le Quimbois

Le Quimbois : La magie des Antilles
Le quimbois est l'équivalent pour les Antilles françaises (Guadeloupe, Martinique et Guyane) du vaudou haïtien, de la santeria cubaine et du candomblé brésilien. L'origine du mot quimbois vient du créole de la Martinique et de la Guadeloupe où le mot « kenbwa » désigne la sorcellerie. Il vient du mot « kimbwa » de la langue kikongo qui signifie « connaissance ». C'est d'ailleurs ce même mot qui est à l'origine du mot « Kimbanda », qui désigne une branche de l'Umbanda, une religion afro-brésilienne. On utilise parfois le mot « Tjenbwa » à la place de Quimbois. Il pourrait également venir du mot guinéen xikuembo qui fait référence à tout ce qui est indescriptible et source de divers malheurs.

Le Quimbois regroupe des pratiques magico-religieuses issues du syncrétisme mêlant les rites catholiques et africains avec les pratiques amérindiennes. Toutes ces religions fonctionnent selon les mêmes principes animistes, propres aux civilisations Bantoues, dont les origines remontent à l'Égypte pharaonique.

 

Le quimboiseur

Antillaise
Le pratiquant du Tjenbwa s'appelle le tjenbwazè ou quimboiseur. Ceux qui y croient lui prêtent des pouvoirs de prédiction de l'avenir, de guérison et d'envoûtements.

Les quimboiseurs, séanciers et mentors, sont parfois vus comme des sorciers "engagés" par un pacte avec le diable. Pour cette raison, on les surnomme les « gens gagés ». Les quimboiseurs sont aussi appelés « gadézafé ».

Le quimboiseur est à la fois mystique, guérisseur, dépendant des savoirs africains et de la communauté marron. Le quimboiseur est, par son lien au monde visible et au monde invisible et par son ancrage dans la croyance populaire et ses origines lointaines, une véritable marque culturelle, un lien identitaire au monde antillais. Plus qu’une simple survivance des traditions africaines, il est une figure omniprésente, un symbole de l’identité antillaise. Il ne peut d'ailleurs survivre qu'aux Antilles. Si on le déporte en Europe ou même dans les villes Antillaises, il n'est plus que l'ombre de lui-même et il sera très vite considéré comme un simple charlatan.

Le Quimbois se distingue par la science des poisons. Les philtres, c'est-à-dire les breuvages magiques qui servent à envoûter ou à désenvoûter, sont concoctés avec des ingrédients que l'on trouve sur les marchés ou on les fait fabriquer par le quimboiseur. Ce dernier utilise un peu d'eau de mer prélevée à l'embouchure des rivières, mélangées à des substances végétales ou animales.
 

Le Quimbois n'est pas qu'une simple sorcellerie

Le Quimbois a du faire face à l'intolérance religieuse et des autorités qui l'ont fait interdire en prétextant que c'était de la sorcellerie. Le Quimbois a continuer d'exister, mais en cachette. Aux yeux de tous il a été considéré comme une simple magie noire ou un ensemble de superstitions et de croyances. Les Quimboiseurs sont souvent désignés comme des sorciers : c'est très réducteur. Ils sont en réalité, selon la tradition, les « maître de la connaissance », c'est-à-dire ceux qui déchiffrent ce qui n'est pas immédiatement compréhensible. Le Quimboiseur ne se contente pas de lire l'avenir, il transforme ce qui est indéchiffrable à l'esprit humain en une connaissance qui peut être partagée avec tout le monde.

Le quimboiseur représente donc une personnalité importante dans la vie sociale car il est l'interprète des Dieux, il est détenteur de la connaissance et il a le devoir de la diffuser. Pour cette raison il est très respecté.

Le quimboiseur est un genre de chaman. Mais il ne faut surtout pas le confondre avec un « conteur », bien que tout comme lui il utilise la parole pour diffuser une histoire. Le quimboiseur est différent du conteur dans sa façon d’aborder l’identité culturelle, les mythes et leur survie. En contact avec un autre monde, le quimboiseur fonctionne et travaille à partir d’une substance physique (la Nature antillaise) et spirituelle (les esprits des morts) nécessitant son isolation au milieu de la nature antillaise, à l’écart de la communauté et du monde moderne. On peut donc faire le parallèle avec le chamanisme. Le quimboiseur vivait à l’écart de la société des esclaves. Évoluant au contraire en société, au milieu des autres, le conteur a, quant à lui, un lien plus direct à la parole, la politique et l’imaginaire et son but principal serait de divertir mais aussi de libérer l’esprit. De même, chez le quimboiseur/chaman, le procédé de transmission du savoir ne dépend pas de la créativité, de l’imagination et de la transmission à une communauté, comme chez les conteurs, mais de la somme d’un savoir à préserver, transmise d’un individu à l’autre.

Si le quimboiseur semble parfois se confondre avec un conteur ou avec un chaman, il semble également être la combinatoire de figures aussi variées que les medicine-men, les mediums et les devins africains. Le travail des quimboiseurs est souvent de soigner les maladies et la malchance. Pour cela il fait preuve d'une grande connaissance des plantes et de leurs propriétés.

Les pratiques du quimbois


Le quimbois se retrouve dans
différents rites et fêtes populaires.

 

On fait appel à lui pour les « protègements » qui sont des rituels de protection contre les maléfices. Ces protègements utilisent des bains et des talismans. Ces objets magiques sont préparés rituellement par des prêtres dans le but de leur conférer un pouvoir protecteur. Les talismans renferment souvent des prières et on les porte attachés avec des épingles à son slip ou à l'intérieur de son soutien-gorge.

Une autre protection est trouvée dans l'eau bénite dont les créoles font un très grand usage. Elle aurait le pouvoir de chasser le mal, de soulager les malades et de désenvoûter les personnes ensorcelées.

Les Chapelles votives se rencontrent couramment en pleine nature, dans des troncs d'arbres ou de petites cabanes construites de toute pièce pour y exposer une effigie de la vierge ou des images pieuses. Les passants viennent les fleurir et y allumer des cierges. Ce sont des lieux de culte où on pratique la prière de façon intensive.

Le soir du 31 décembre on effectue un « bain-démarré » afin que la nouvelle année chasse toute la malchance de l'année qui vient de s'écouler. Le rituel commence à minuit par une baignade à l'embouchure d'une rivière ou dans la mer. Il faut ensuite se frotter le corps avec une queue de morue pour se débarrasser des mauvaises influences de l'année écoulée. De retour à la maison a lieu la seconde phase du rituel du bain-démarré : il s'agit d'un bain de feuillages composé de plantes porteuses de prospérité.

Le quimbois regorge de nombreux charmes et envoûtements. On trouve des potions magiques d'amour aphrodisiaques et d'autres préparations plus inquiétantes. Pour envoûter une personne on dispose sur son passage (par exemple devant sa porte) un petit paquet composé de divers ingrédients (crapauds morts, patte de poulet, queue de serpent, poivre, sel, quelques herbes, ...). Si la personne enjambe le paquet elle tombe sous l'emprise du sortilège.

Manipulant l'herboristerie avec aisance, le quimbois offre toute une panoplie de médecines phytothérapiques alternatives pour soigner différents maux.

La divination fait partie intégrante du quimbois, tout comme la communication avec les ancêtres. Celle-ci s'effectue par l'intermédiaire de Saints qui ne sont rien d'autres qu'une transposition des Orishas des religions africaines.


Sources :
Spiritualité et réalisme merveilleux dans la littérature caribéenne francophone : la (re)construction d’une identité, par Sébastien Sacré, docteur en philosophie, 2010
http://guadeloupetraditions.free.fr/croyance.htm




Retour à la catégorie : Sorcellerie antillaise et religions afro-américaines