Réincarnation et vies antérieures

Homme sur son lit de mort
Un homme sur son lit de mort
Pourquoi existe-t-il tant de souffrance dans le monde ? Pourquoi certains enfants naissent avec des malformations pénibles ou succombent à des maladies intolérables ? En fait, pourquoi ont-ils tout simplement vécu ? Pourquoi est-ce aussi injuste ?

Ceux qui croient en la réincarnation, l'idée que cette vie est juste une partie d'une série de vies passées et futures, ont un élément de réponse. Dans nos vies antérieures nos mauvaises actions sont peut-être restées impunies. Nous sommes alors punis dans notre prochaine vie. Nous pourrions être réincarnés en un animal ou une plante, ou dans la souffrance en tant qu'être humain. Il existe des variations entre les systèmes de croyances, mais essentiellement les transgressions inachevées du passé sont reflétées dans l'adversité du présent. Vivons une vie de bonté et nous serons récompensés dans la prochaine. Ceux qui sont dans la souffrance aujourd'hui peuvent espérer une vie meilleure dans leur prochaine vie.
 

Coutumes et croyances de certaines cultures

Dans de nombreuses civilisations il est coutume d'ensevelir les morts avec auprès d'eux ce qui leur sera nécessaire pour se nourrir et pour se défendre. Ils sont enterrés avec leurs armes et des offrandes telles que des fruits ou des œufs. Ces pratiques nous laissent présumer que dans les croyances de ces peuples les personnes disparues ne sont pas destinées au néant ou à rester au Paradis mais qu'elles vont continuer de vivre. On ne peut pas pour autant qualifier ces traditions de preuves de l'existence après la mort.

Dans la Grèce Antique certains philosophes avaient émit l'hypothèse d'une vie après la mort. Mais c'est l'avènement des religions monothéistes islamiques et judéo-chrétienne qui a mis un terme à ces idées. Ces religions reposent sur l'existence d'un Paradis qui serait un lieu de vie éternelle auprès de Dieu. Seuls les croyants ayant mené une vie exemplaire auraient droit de siéger au Paradis. Il n'est donc pas question que les morts reviennent sur terre pour se réincarner dans un autre être vivant.

Les religions islamiques et judéo-chrétienne ne parlent que d'une seule mort sur la terre et l'éternité dans l'au-delà. Elles offrent ce qui est pour beaucoup des réponses convaincantes aux grandes questions concernant l'existence d'un Dieu et sur le fait qu'il puisse permettre une telle injustice envers des personnes qu'il est censé aimer. Un concept séduisant, faisant appel à la volonté de l'équité et au contrôle de notre destin, a été mis en place par ces religions. Mais comme la désillusion dans les religions traditionnelles a augmenté au cours du siècle dernier, le monde occidental était prêt à explorer les croyances traditionnelles orientales. La réincarnation en fait partie et il existe un cas convaincant des vies antérieures : celui de Bridey Murphy.

Le cas de Bridey Murphy

Dans ce cas célèbre, les journalistes ont commencé la chasse aux preuves pour vérifier la vie antérieure détaillée qui avait été révélé par Virginia Tighe sous hypnose en 1952. Et ils l'ont trouvé. Ils ont trouvé sa vie antérieure. Ils ont trouvé la vraie Bridey Murphy.

Sous hypnose, à Pueblo, Colorado, cette mère de famille mince et aux cheveux noirs a commencé à raconter dans un dialecte irlandais des histoires de son incarnation précédente. Elle était rousse et s'appelait Bridey Murphy.

Bridey a dit qu'elle était née vers 1798, dans une maison blanche. Elle a été élevée par sa mère Kathleen à Cork, en Irlande. Elle se souvenait d'un ami, Kevin, et d'avoir épousé Sean Joseph Brian McCarthy. Virginia Tighe raconte les détails de la vie de Bridey, et se lève, encore dans sa transe hypnotique, pour danser une gigue irlandaise. Dans un fort accent irlandais, Mme Tighe explique que le frère cadet de Bridey serait mort à l'âge de quatre ans et elle parle de son bien-aimé oncle Plazz. Elle se souvient avoir été fouettée pour avoir gratté la peinture fraîche de son lit. Elle relate la triste disparition de Bridey, tombée dans un escalier.

Les journalistes ont donc cherché des preuves de l'existence de Bridey en Irlande. A Cork. Les reporters et les chercheurs se sont rendus là-bas et ont trouvé des liens avec le folklore Irlandais qu'elle avait cité. Ils ont entendu le même accent et ont trouvé la trace d'un Saint Blaize, sans doute l'origine du nom chrétien pour l'oncle Plazz dont elle se souvenait. Mais ils n'ont pas trouvé de trace dans l'état-civil d'une certaine Bridey Murphy.

Le Denver Post a été le premier à publier l'histoire racontant comment un courtier en investissement, Morey Bernstein, qui a également travaillé comme hypnotiseur amateur, avait aidé Virginia Tighe à se rappeler sa vie passée. Bernstein a écrit un livre en 1956 : La recherche de Bridey Murphy, qui a été vendu à des millions d'exemplaires en anglais et beaucoup, beaucoup plus dans d'autres langues. Ils ont même vendu des disques longue durée des enregistrements des sessions de transe. Ils ont vendu des droits pour réaliser des films. L'hypnose et la réincarnation se sont trouvé une popularité nouvelle qui a excité le monde entier et ils ont alors vendu encore plus de livres sur l'hypnose et sur la réincarnation.

Jamais la vérité ne devrait être autorisée à ruiner un bon profit...

On a retrouvé Bridey !

Ils ont enfin finit par retrouver Bridey Murphy, sauf que son nom s'orthographiait Bridie. Elle était encore en vie et habitait à Chicago, dans la même maison où elle vivait quand Virginia emménagea dans son appartement de l'autre côté de la route quand elle était encore une adolescente. Mme Anthony Corkell leur avait dit son nom de jeune fille : Bridie Murphy.

Mme Corkell avait fasciné Virginia quand elle était adolescente et avait passé des heures avec elle à lui parler de l'Irlande. Elle a même gagné l'amitié de Bridey envers son fils Kevin. Ayant le béguin pour John Corkell, Virginia Tighe l'a transformé en son équivalent irlandais, le mari de Bridey, Sean Joseph Brian McCarthy. Brian était le propre prénom du mari de Virginia, tandis que le McCarthy était le nom de famille d'un personnage qu'elle jouait dans une de ses représentations théâtrales à l'école secondaire, dont deux ont été accomplies, selon son professeur d'art dramatique, avec un étonnant et très convaincant accent irlandais.

La maison blanche était exactement comme décrite, mais c'était la maison où elle était née en 1922. Sa mère, Katherine, est devenue Kathleen, la mère de Bridey. À quatre ans, Virginia avait été abandonnée par ses parents et envoyés à Chicago pour vivre avec une tante et son oncle. C'est là qu'elle se faisait de l'argent de poche en dansant des gigues irlandaises dans la rue. Sa sœur était tombé dans les escaliers, tandis que son frère était mort quand Virginia avait cinq ans. Elle avait été fouettée, un an ou deux ans plus tard, pour avoir rayé la peinture de son lit fraîchement repeint. C'est une histoire qu'elle avait raconté à ses amis plusieurs années plus tard. C'est donc sa propre histoire qui est venue s'empêtrer avec celle de Bridey Murphy.

Et l'oncle Plazz ? Les parents adoptifs de Virginia avaient un ami dénommé Plezz mais que Virginia appelait Oncle Plazz. Et d'ailleurs, les Irlandais du nom de Saint Blaize étaient en réalité d'origine arménienne.

Virginia s'était également lié d'amitié avec une tante irlandaise qui a beaucoup raconté d'histoires à l'enfant sur le folklore irlandais et la nourrissait de crêpes de pommes de terre irlandaises.

L'hypnose est une façon notoirement peu fiable pour obtenir des informations. Le patient est bien trop disposé à dire ce qui semble plaire à l'hypnotiseur. Les professionnels n'utilisent pas l'hypnose de cette manière. Est-ce que Virginia Tighe a inventé toute cette histoire pour son propre amusement ou a-telle parlé de son passé inconsciemment ? C'est le seul mystère qui subsiste dans l'histoire de la réincarnation de Bridey Murphy.

Les études du Dr Ian Stevenson

Le Dr Ian Stevenson recueille des cas, beaucoup d'entre eux proviennent d'hypnotiseurs, qui ont souvent peu de formation scientifique, et sont considérés avec suspicion par beaucoup de personnes dans la communauté psychiatrique. Par conséquent, les travaux du Dr Ian Stevenson, professeur de psychiatrie, sont plus convaincants. Formé à la médecine à l'Université McGill, il a continué en se spécialisant dans la psychiatrie, travaillant à l'Université de Virginie depuis 1957.

Son travail, comprend de vastes et détaillées études de cas et il a été publié dans un certain nombre de livres par les Presses de l'Université de Virginie. Bien que d'une lecture peu facile, il n'y a pas de doute que Stevenson était extrêmement diligent dans l'enregistrement de 2000 études de cas détaillant les entretiens avec non seulement la personne réincarnée, mais aussi beaucoup de gens associés à son récit. Il a affirmé qu'il ne pourrait jamais prouver la réincarnation comme fait scientifique, mais a estimé la validité de son travail.

Des études de cas ont été recueillies lors de voyages en Inde et au Sri Lanka et dans beaucoup d'autres pays. Il était dédaigneux des méthodes des hypnotiseurs telles que celles utilisées pour obtenir l'histoire de Bridey Murphy et beaucoup d'autres depuis. Il pensait que ceux-ci pourraient être simplement le récit de souvenirs qui ne sont pas immédiatement disponibles
à la personne par l'appel normal à sa mémoire. Ou ils pourraient être pure fantaisie résultant des suggestions et des invites de l'hypnotiseur. Pour éviter de tels souvenirs Stevenson a placé sa foi dans les histoires d'enfants.

L'un de ses cas les plus célèbres est celui de Sunil Dutt Saxena. Il est né dans une famille pauvre dans une ville au nord de l'Inde : Bareilly. Son père était un commerçant qui était souvent en déplacement pour le travail. Vers l'âge de trois ans, Sunil a commencé à raconter sa vie antérieure. Il a décrit un mode de vie beaucoup plus riche à Budaun, à 56 kilomètres de là. Le chariot tiré par des chevaux était quelque chose que le pauvre Sunil n'aurait jamais pu inventer. Mais pourtant il était capable de le décrire à la perfection. Il a refusé de faire le ménage, déclarant fermement qu'il n'a jamais eu à le faire dans sa précédente vie privilégiée. Seth Sri Krishna avait vécu dans Budaun jusqu'à huit ans avant la naissance de Sunil. Les déclarations du jeune Sunil semblaient correspondre à la vie de Seth Sri Krishna dans de nombreux détails.

Un autre cas bien connu est celui de Ravi Shankar, qui est né en 1951 dans la ville de Kanauj dans l'Uttar Pradesh, Province de Inde. Son père Ram Gupta a raconté comment son fils, âgé seulement de deux ans, a dit qu'il était le fils du barbier Jageshwar. Le jeune Ravi portait la cicatrice physique de la mort violente du fils du barbier, Munna, sauvagement assassiné à seulement six ans. Sa gorge avait été tranchée. Une blanchisseuse, Chaturi, et un autre barbier, Jawahar, avait été chargé de l'assassiner, mais la charge a été abandonnée par la justice. Six mois après la mort de Munna, Ravi était né. Lorsque Stevenson a interviewé Ravi, il était âgé de treize ans, mais la cicatrice était encore clairement visible. Le jeune Ravi a confirmé les meurtriers comme étant Chaturi et Jawahar.

Toutes ces histoires sont tirées d'un livre fascinant écrit par Ian Wilson, The After Death Experience, qui fait de nombreuses références à la réincarnation. Wilson a beaucoup écrit sur les thèmes paranormaux. Dans les études de cas du Dr Ian Stevenson, Wilson trouve peu de preuves convaincantes comme quoi quelque chose de nous pourrait survivre après la mort. Il a analysé les cas de Inde et du Sri Lanka ainsi que les notes et en a tiré une tendance très forte. Les pauvres enfants sont les réincarnations de ceux qui étaient riches. Il explique pourquoi :

Les pays où l'on croit à la réincarnation grouillent de tant de pauvres qu'il n'est pas difficile de deviner ce qui motive une famille pauvre en Inde ou au Sri Lanka. Elle peut avoir beaucoup à gagner et très peu à perdre en représentant leur enfant comme la réincarnation d'un membre d'une famille riche décédé récemment. Si la famille riche est persuadée de croire en cette réincarnation, il est peu probable qu'elle laisse le malheureux continuer de souffrir. Ils vont essayer de faire quelque chose pour améliorer la vie de l'enfant, et de ce fait, ceci va profiter à toute sa famille.
 

(Ian Wilson, 1989, The After Death Experience, p. 35.)

Wilson continue par décrire comment un médecin local avait expliqué à Stevenson, qui, avec sa rigueur coutumière, a documenté toutes les conversations, que Sunil avait été entraîné par un homme nommé Sheveti Prasad dans les détails de la vie de Seth Sri Krishna, et la famille de ce dernier n'avaient pas été convaincue par la revendication. Stevenson a choisi de rejeter cette preuve contre la validité de l'affaire.

Dans l'exemple de Ravi Shankar, il n'y avait pas d'inégalité de richesse, mais au moins trois des voisins ont rapporté que l'enfant avait été pris chez le coiffeur Jageshwar dans l'espoir que les assassins seraient accusés à nouveau de ce crime abominable. Il y a aussi la possibilité que la cicatrice a été infligée délibérément dans cet objectif.

D'autres cas d'enfants impliqués dans des réincarnation ont été rapporté par Stevenson en Colombie et en Amérique centrale. Ils prétendaient être la réincarnation d'un membre de leur famille mort avant que l'enfant ne naisse. Les parents ont affirmé que l'enfant ne pouvait pas avoir connue la personne. L'examen de ces cas soulève les questions évidentes sur la façon dont beaucoup avaient parlé en la présence de l'enfant. Les cas mentionnent des photographies et des visites de cimetière, de sorte que le membre de la famille décédé n'était pas sans existence physique pour l'enfant.

Beaucoup d'adultes sous-estiment grandement combien un jeune enfant peu absorber de choses quand il semble être occupé à faire autre chose ou quand une conversation est considérée comme étant au-delà de sa compréhension. Il est difficile de trouver un motif pour la famille pour prétendre à de telles revendications. L'attention sur les gains de l'enfant et le statut. La famille gagne le retour d'un membre de la famille proche. Tout peut être falsifié et ils peuvent être absolument sincères dans leurs croyances.

Tuesday Lobsang Rampa et son troisième oeil

Art tibétain
Art tibétain
La réincarnation et la compréhension des religions orientales a souvent été colportée par des œuvres populaires, tels que les ouvrages de T. Lobsang Rampa. Le premier livre de Rampa, Le Troisième Oeil, paru en 1956, connu un immense succès. Il s'agissait de l'autobiographie d'un moine tibétain relatant comment, encore enfant, Rampa a été envoyé dans un monastère par sa riche famille tibétaine. On lui a fait un trou dans son front à travers la peau et les os et on lui a mis un morceau de bois dans le trou jusqu'à ce qu'il guérisse. Cela lui a donné des pouvoirs mystiques. Il parle de réincarnation, de sustentation et de la grande sagesse tibétaine. Il finit par s'enfuir en Angleterre après l'invasion du Tibet par la Chine communiste.

T. Lobsang Rampa était en fait le pseudonyme de Cyril Henry Hoskin, né le 8 avril 1910 à Plympton, fils d'un plombier. Il était installateur d'équipements chirurgicaux au chômage et il n'a jamais été au Tibet de sa vie. T était pour « Tuesday », le mardi, le jour où il est né. Il a continué à écrire beaucoup d'autres livres qui se sont extrêmement bien vendus. Cet auteur est généralement perçu comme l'initiateur d'une « nouvelle littérature spirituelle », sinon l'inventeur du New Age dans son ensemble. Il arrive parfois qu'on parle de rampaism pour qualifier ce courant de pensée.

Le plus triste dans cette histoire est que beaucoup de gens qui lisent les livres de Rampa croient qu'ils sont en train d'apprendre la religion tibétaine. Les Tibétains vous diront le contraire. Le spécialiste du bouddhisme tibétain, l'anthropologue Agehānanda Bharati, avait dit en 1974 au sujet du Troisième Oeil :

Les deux premières pages m'ont convaincu que l'auteur n'était pas tibétain, les dix suivantes qu'il n'était pas non plus allé au Tibet ni en Inde, et qu'il ne connaissait rien au bouddhisme sous toutes ses formes, tibétaines ou autres.
 
Article complet en anglais : http://www.serendipity.li/baba/rampa.html




 

Références

Lynne Kelly, The Skeptic’s Guide To The PARANORMAL, 2004
Baker Robert A., Hidden Memories: Voices and Visions from Within, Prometheus Books, New York, 1996
Browne Sylvia with Lindsay Harrison, Past Lives, Future Healing: A Psychic Reveals the Secrets of Good Health and Great Relationships, Dutton, New York, 2001
Hodgkinson Liz, Reincarnation: The Evidence, Piatkus, London, 1989
Iverson J. and Bloxham A., More Lives Than One ?, Pan Books, London, 1977
Rampa T. Lobsang, The Third Eye, Secker & Warburg, London, 1956
Thomason Sarah G., ‘Past tongues remembered’, Skeptical Inquirer, 1987
Wilson Ian, The After Death Experience, Corgi Books, London, 1989



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