Le comte de Saint-Germain

Comte de Saint-Germain
On a beaucoup écrit et fabulé sur le comte de Saint-Germain, ce mystérieux personnage qui étonna l'Europe au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle et occupe une place dans la galerie d'énigmes historiques, y compris celles du masque de fer et de Louis XVII. Le Comte de Saint-Germain aurait vécu depuis l'Antiquité. Ce serait un voyageur temporel chargé d'observer sans intervenir, mais pouvant revenir du futur pour lancer des alertes. Ses contemporains croyaient qu'il avait accompli le Grand Œuvre alchimique qui apporte l'immortalité.

Certains seront tentés de penser qu'une nouvelle étude sur ce cas exploité par de nombreux chroniqueurs et romanciers ne sert à rien. Cependant, il nous a semblé important de dresser le véritable portrait de ce personnage que les légendes et fictions ont modifié à tel point qu'il a perdu son vrai visage. De nos jours plus personne ne sait qui le comte de Saint-Germain était vraiment et nous allons nous efforcer de dissiper toute cette confusion qui tourne autour de son personnage.

Nous n'avons aucun témoignage formel au sujet de sa naissance, son enfance et sa jeunesse, mais à partir du moment où il apparaît dans la lumière de la vie publique, et jusqu'à sa mort (réelle ou supposée), il existe beaucoup de rapports dignes de foi qui nous permettent de faire quelques recoupements. Nous allons également essayer d'exposer dans tous ses détails et développements la légende qui s'est formée autour de sa personne. Vous verrez qu'il s'agit d'une légende qui n'a rien à envier à celle de Merlin l'Enchanteur.

 

La légende du Comte de Saint-Germain

Personne ne savait qui il était, un fait qui ne m'a pas étonné dans un pays comme l'Angleterre, où il n'y a pratiquement pas de police secrète, mais ce qui m'a étonné, c'est qu'en France, on ne le savait pas non plus.
 
Comte Bentinck van Rhoon, 1760   


Cette citation du Comte Bentinck van Rhoon annonce la couleur et on va essayer de percer les secrets de cet homme qui a fait beaucoup parler de lui. On a dit beaucoup de choses sur le Comte de Saint-Germain. On a prétendu que c'était un artiste, un espion à la solde du roi de Prusse, un mage, un linguiste, un immortel, un chimiste industriel, un escroc, un alchimiste, un pacifiste, un vampire, un conteur, un conspirateur, un amant, un violoniste, un mystique, un amiral, un riche héritier royal, un faussaire, un fou, un menteur pathologique, un général et un poète. Il serait en réalité tout ceci à la fois.

Ce serait également un franc-maçon et c'est lui qui aurait tiré les ficelles derrière la révolution russe. Certains prétendent même que c'était un ange. C'était tout ça en même temps. C'était le comte de Saint-Germain. Mais il faudrait essayer de faire la part de ce qui relève de la pure légende et de la réalité car beaucoup de mythes courent à son sujet. On dit même qu'il aurait assisté au calvaire du Christ et qu'il serait le fondateur de la Société de Théosophie.

Il est mystérieux, c'est indéniable. Il peut tout faire. Il a des pouvoirs magiques et des connexions mystérieuses. Il est l'allié parfait mais il n'est jamais là quand vous avez vraiment besoin de lui. Il peut fournir des lettres de créance aux tribunaux européens, des tomes mystérieux de traditions obscures et des diamants de la taille d'un œuf de poule. Il reste une énigme parfaite, un personnage parfaitement opaque. Mais alors qui est-il exactement ?

L'autre jour, ils ont arrêté un homme étrange qui s'appelle le comte de Saint-Germain. Il a vécu ici ces deux années et ne dira pas qui il est ni d'où il vient, mais raconte qu'il ne se fait pas appeler par son vrai nom. Il chante, joue du violon à merveille, compose, il est fou et pas très sensible.
 
C'est comme cela que Horace Walpole le décrit dans une lettre datée du 9 décembre 1745.

Pour un homme qui a parcouru les tribunaux européens pendant quarante ans, laissant derrière lui des lettres de colère et des chroniqueurs perplexes, il y a encore beaucoup de choses que nous ignorons. Mais dans l'esprit des Lumières (la partie factuelle historique, et non la partie légendaire que Saint-Germain incarne), voici un bref état des lieux que les historiens ont déniché au cours de leurs recherches.

Biographie du comte de Saint-Germain

Le comte de Saint-Germain serait né quelque part vers 1710 dans les régions de la Hongrie ou de la Bohême. Dans sa jeunesse il a fait des études de bijoutier et a développé de manière indépendante un certain nombre de procédés industriels, principalement liés à la pigmentation. Il aurait aussi découvert un procédé permettant de faire disparaître les défauts des diamants. Possédant de véritables dons musicaux (ses solos de violon et ses sonates en trio restent imprimées à ce jour) et un caractère impétueux, il prit le titre de « Comte Saint-Germain » vers 1740 et cultiva un air de mystère alchimique autour de son procédé de teinture dans l'espoir d'obtenir un gros contrat royal.

Dans le cadre de ses négociations, il eut recours à de nombreux pseudonymes et pseudo-titres, notamment Conté Aglie, Balletti, Conte di Bellamare, Marquis de la Croix-Noire, Marquis de Montferrat, Prince Ragoczy, monsieur de Saint-Noël, Chevalier Schoening, Général Soltikov, Lord Stormont, Surmont, Graf Tsarogy et comte Welldon. Toutes ces personnes sont en réalité le même homme.

De 1737 à 1742, Saint-Germain aurait été l’hôte du shah d'Iran (Perse à l'époque). (Source)

Après avoir séjourné quelques années à Londres, jusqu'en 1746, certains disent qu'il disparaît pendant 12 ans et vont même le clamer sur wikipedia. On raconte qu'il aurait voyagé en Inde (où il aurait rencontré en 1756 le général Robert Clive de la colonie britannique des Indes(1)) et au Tibet et que c'est là qu'il aurait acquit une grande connaissance de l'Orient. Mais les dates ne coïncident pas car il est vu à Paris en 1749 et à Londres en 1750, ainsi que dans d'autres villes d'Europe pendant cette époque. Ça serait plutôt entre 1761 et 1773 qu'il aurait passé 12 années en Asie, personne ne le sait vraiment. D'autres prétendent qu'il se serait retiré en Allemagne pour effectuer des recherches en alchimie (ou pour fuir un amour impossible(2)). Il est indéniable qu'il était fort instruit en physique et grand chimiste. Puis il réapparait en France dans l'entourage proche du roi. Ce fut le maréchal de Belle-Isle, qu'il avait rencontré à Vienne, en Autriche, qui présenta le comte de Saint-Germain à Mme de Pompadour et à Louis XV en 1749. Le roi est impressionné par son érudition et son charisme et lui confie quelques missions diplomatiques qu'il remplit haut la main.

Saint-Germain aimait discuter d'histoire à la première personne, comme s'il avait participé lui-même à tous les événements, faire allusion à ses capacités alchimiques sans jamais en révéler le secret, mentir sur son âge, faire des tours de magie avec des diamants, manger en privé, porter uniquement du noir et du blanc. Il a suffisamment impressionné Louis XV (ou Mme de Pompadour) avec sa conversation et ses diamants pour recevoir une suite au château de Chambord en 1757 et (éventuellement) une mission de paix conduite en Hollande en 1760 pour mettre fin à la guerre de Sept Ans.

A Chambord, il installe un laboratoire d'alchimie et une manufacture. Il avait passé un deal avec Louis XV pour lui fournir autant d'or qu'il en avait besoin. Pour avoir été aussi convainquant certains pensent qu'il aurait effectivement découvert un procédé pour transmuter les métaux vils en métaux précieux. En effet, il possède des ressources dont la provenance est inexplicable mais qui lui permettent de mener un grand train de vie. On murmurait que le Comte de Saint-Germain était un alchimiste qui possède la poudre secrète et la médecine universelle. Il se forge une réputation éclatante comme quoi il pouvait faire de l’or.

Certains témoignages de bonne foi, notamment celui du marquis de Valbelle, attestent des pouvoirs alchimiques du Comte de Saint-Germain. Ce dernier lui demande un jour une pièce d’argent de six francs. Après l’avoir enduite d’une substance noirâtre, il la jette dans le feu ; quelques minutes plus tard, le comte retire la pièce du four, elle s'était transformée en or fin.

Outre la faculté de transmuter les métaux en or, on raconte que le Comte de Saint-Germain possédait un élixir de Jouvence. Il en aurait fait présent à quelques personnes parmi ses amis et en particulier Madame de Pompadour qui affichait toujours une éternelle jeunesse. Quelqu'un rapporte qu'un jour une personne qui prétendait que le Comte avait plus de 300 ans demande à son valet qui lui répondit ceci :

Je ne sais pas... ça ne fait qu'une centaine d'années que je suis à son service.
 

Des jalousies apparaissent dans l'entourage du comte

Le jaloux duc de Choiseul (Duc d'Amboise), ministre de la guerre, a tenté de discréditer Saint-Germain en engageant un imitateur qui sillonnait les salons parisiens en prétendant être le comte de Saint-Germain et en racontant des histoires insensées sur l'immortalité dans le but de tourner le vrai Saint-Germain en ridicule. Il aurait ainsi pris un verre avec Alexandre le Grand et aurait rencontré Jésus Christ avant sa crucifixion. Il comptait ainsi piéger Saint-Germain sur son propre terrain et c'est ce qu'il a réussi en obtenant presque que l'envoyé de paix soit emprisonné en Angleterre pour espionnage. Heureusement pour ce dernier, le gouvernement britannique pensait que Saint-Germain était fou et le fit déporter en Belgique. Une fois la supercherie de Choiseul démasquée, le Comte de Saint-Germain en sort encore plus grandit, mais les sornettes qui ont été colportées se sont mêlées à la réalité et ont entretenu la légende. A partir de là il devient donc de plus en plus difficile de faire la part du vrai du faux.

Saint-Germain aurait peut-être trompé le gouverneur autrichien de Belgique en 1761, quand il a rencontré Casanova à Tournai. Casanova s'était bien débrouillé avec les femmes, par ses propres moyens, en prétendant parfois aussi être Saint-Germain. Ce dernier, le vrai personnage, voyagea en Prusse, en Russie, en Italie, en Autriche (où on le vit souvent à Vienne au « quartier général des Rose-Croix ») et s'arrêta finalement à la cour du landgrave (prince) de Schleswig-Holstein qui était un alchimiste notoire.

On le retrouve en 1762 à Saint-Pétersbourg et il prend part au coup d’Etat qui place la Grande Catherine sur le trône de Russie. Saint-Germain obtint à un moment donné un véritable titre, devenant général dans l'armée russe pour avoir vendu les laxatifs de la marine russe. En 2010 il aurait certainement obtenu la légion d'honneur pour avoir réussi à fourguer 300.000 doses du vaccins H1N1 au Qatar et 2 millions de doses à l'Egypte. La ministre de la santé de l'époque, Roselyne Bachelot, finira simple animatrice radio sur RMC.

On le retrouve ensuite en France en 1763, dans le proche entourage de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Il poursuit ses expériences alchimiques à Chambord. Mais il n'aurait jamais rencontré le roi. Il doit fuir à nouveau en Allemagne en 1774 alors qu'on cherche à l'arrêter.

La fin de Saint-Germain

Comte de Saint-Germain
Saint-Germain fut démis de ses fonctions d’alchimiste de la cour du margrave de Brandebourg en 1776 après que Choiseul eut chargé le marquis de Créquy, qui s'était illustré lors de la guerre de Sept Ans, de faire courir le bruit que Saint-Germain était le fils d’un percepteur d’impôt Juif alsacien né à Strasbourg à la fin XVIIe siècle ou au début du XVIIIe. Il s'appelait de son vrai nom Simon Wolff. C'était un autre mensonge colporté par Choiseul et ça participe à brouiller encore un peu plus les pistes.

Saint-Germain tenta alors sans succès d'intéresser Frédéric le Grand à ses services de chimiste et/ou d'espionnage ; Frédéric le Grand était poliment intéressé, mais n'embauchait pas de mages. En 1779, Saint-Germain commençait à vieillir et il chercha une dernière protection qu'il trouva chez le prince Charles de Hesse-Cassel. Charles était un adepte de la réincarnation et de la franc-maçonnerie. Saint-Germain devint son médecin personnel. Malheureusement, le climat de Hesse, près de la Baltique, ne convenait pas à Saint-Germain qui développa des rhumatismes et mourut le 27 février 1784, prétendant être l'héritier oublié du trône de Transylvanie. Il ne l'était pas, quoi qu'en dise wikipedia.

Il a été enterré dans l’église d’Eckernfôrde le 2 mars 1784, d'après les registres. Mais les registres d'une réunion de francs-maçons le mentionnent à la grande conférence de Wilhelmsbad du 15 février 1785(3) et il aurait été présent à une autre grande réunion maçonnique à Paris la même année.
 

Quelles étaient les choses que Saint-Germain prétendait avoir fait ?

Saint Germain a dit que son salut, son parcours par lequel il est devenu un Maître Ascensionné, était le résultat de deux millions de bonnes décisions qu'il a prises. Si on s'en arrête à ça, d'un point de vue purement mathématique, il est très difficile pour un homme de prendre deux millions de bonnes décisions dans une seule vie.

Les histoires de l'âge et du pouvoir de Saint-Germain (plus celles des deux faux Saint-Germains) sont toutes vraies : c'est un Maître Ascensionné Immortel, soit en se réincarnant ou en simulant sa mort et en devenant (entre autres) un initié égyptien de la dynastie Thoth, Merlin, Roger Bacon, Francis Bacon et l'héritier perdu du trône de Transylvanie. Chelsea Quinn Yarbro l'a même fait vampire dans une jolie série de romans d’horreur historiques.

Ce qui est certain c'est que quand on a ouvert sa tombe longtemps après sa prétendue mort, elle était vide.

Après avoir fait semblant d'être mort à Hesse-Cassel, il sauva des aristocrates de la guillotine, inventa le culte théosophique dans les années 1875 en Amérique et apparut plus tard comme un Vénusien. Tous les documents officiels français sur lui ont disparu dans un incendie bien commode en 1870. Certains disent de lui qu'il était le fils d'un djinn, il était Quetzalcoatl le Dieu Blanc des aztèques, le Juif Errant, ou encore Koschei l'Insolu, l'orchestrateur de la Révolution Maçonnique américaine ou en opposition à Adam Weishaupt (fondateur des Illuminati), et soit le Christ lui-même, soit le Bouddha, ou les deux. En bref, il est partout où vous voulez qu'il soit.

Il est parfaitement vrai, madame, que j'ai fait la connaissance de la comtesse de Gergy il y a longtemps.
— Mais selon elle, vous devez avoir plus de cent ans maintenant.
— Ce n'est pas impossible ... mais, comme je le reconnais, il est encore plus possible que la femme vénérée parle de bêtises.

 

Il s'agit d'échanges rapportés entre le comte de Saint-Germain et Mme de Pompadour, en 1760. Saint-Germain aurait rencontré la comtesse de Gergy à Venise, où elle était ambassadrice dans les années 1650.

Alors, qui est le Comte Saint-Germain ?

Si vous avez cru à tout ce qui précède sachez que les Illuminati bavarois voient Saint-Germain comme le Pimpernel Noir, le Grand Maître de l'Europe. Il est apparu à Londres pendant la révolte maçonnique des Jacobites de 1745, a conçu le grand sceau des États-Unis en 1776 pour ses compatriotes maçons Jefferson et Washington et a renversé des tsars et des rois avec des allusions et des sociétés secrètes.

Pour les adeptes du Discordianisme : Saint-Germain, quel qu'il soit, serait une blague, un gag, un peu de chaos jeté dans les rouages rationalistes du siècle des Lumières. Après avoir appris à Beethoven à jouer du violon, à Munchausen à mentir et à Byron à boire, il aurait commencé le mouvement romantique sur un pari avec Casanova. Il était en bons termes avec Catherine la Grande et Madame de Pompadour.

Pour les chasseurs d'OVNIS : bien sûr, il était immortel. Tous les habitants de Sirius sont immortels.

Pour les hermétiques : il est vraiment le plus grand Mage de tous ; il a révélé les doctrines rosicruciennes à Cagliostro, les paroles de la puissance énochienne à Francis Barrett et l'élixir de vie à Johann Konrad Dippel, le baron von Frankenstein. Ses projets occultes pour l'histoire humaine se déroulent toujours.

Pour les Shangri-La : il est le Maître Ascensionné, apôtre de la paix, Seigneur de la Lumière. Après avoir tenté d'éviter une révolution sanglante, il s'est retiré dans l'Himalaya pour se purifier. Il se bat pour nous dans un avion que nous ne pouvons pas atteindre, n'apparaissant qu'à ceux qui le méritent.

Pour les Gnomes de Zurich : Adopté par le dernier des Médicis et possédant une mystérieuse fortune, un homme se tient derrière la banque des États-Unis Rothschild et Mason Alexander Hamilton, derrière l'ascension du Necker suisse dans le trésor français et la chute de Turgot, derrière la contrefaçon d'or et d'encre indétectable. Alchimiste et capitaliste, Saint-Germain tient les cordons de la bourse.

Triangle des Bermudes : Il a visité l'Inde et a disparu en Égypte lorsque Napoléon a ouvert la Grande Pyramide. Il apparaît là où le yeti et le sasquatch sont aperçus. Si nous pouvions suivre son chemin à travers l'Europe, un modèle émergerait. Il sait où mènent les tunnels secrets des égouts de la Bastille.

Pour les gens du Réseau : Saint-Germain le kabbaliste est le dernier chiffre de pi, le problème des quatre couleurs, le plus grand nombre premier qui n'ai jamais existé. Il est l'incarnation de l'Information.

F. Graffer indiquait que le comte de Saint-Germain a dû aller se reposer dans « une région de l'Himalaya ». Depuis 1877, nous trouvons sous la plume de Helena Petrovna Blavatsky, la fondatrice de la Société Théosophique, quelques lignes qui pourraient renvoyer à cette histoire :

Qui n’a pas entendu parler du Houtouktou del Alto-Tibet en Inde ? Sa Fraternité de Khelan était célèbre dans tout le pays ; et l'un des « frères » les plus renommés était un peh-ling (un anglais) qui y arriva un jour, de l'ouest ; dans la première partie de ce siècle ... Il parlait toutes les langues, y compris le tibétain, et il connaissait toutes les sciences, nous dit la tradition. Sa sainteté et les phénomènes qu’il produisit le firent proclamer Shaberon après seulement quelques années de résidence. Sa mémoire est encore vivante aujourd'hui chez les Tibétains, mais son vrai nom n'est connu que des Shaberons.
 

Pour terminer, nous donnerons l’avis final de Mme Blavatsky sur le comte de Saint-Germain, opinion par rapport au dernier paragraphe de la citation précédente :

Le comte de Saint-Germain était certainement le plus grand adepte d'Orientalisme que l'Europe ait vu au cours des derniers siècles
 

La prophétie de Saint-Germain

Saint-Germain aurait prononcé ces mots en 1790 :

Je vais disparaître d’Europe vers la fin du siècle ... Je ne serai plus jamais vu avant 85 ans.
 

Ces paroles auraient été prononcées six ans après sa mort présumée et laissent penser qu'il ne serait pas réellement mort en 1784 ou alors que la date à laquelle on lui attribue ces paroles ait été falsifiée. Quoi qu'il en soit, ce serait donc en 1875 que le comte de Saint-Germain doit réapparaitre. Or, c'est précisément en 1875 (en Amérique, il est vrai, et non en Europe) que la Société Théosophique a été fondée. Coïncidence ou pas ?

Mme Cooper-Oakley, de la direction du Blue Lotus, déclare en 1899 :

Le comte de Saint-Germain était un missionnaire envoyé par les êtres supérieurs qui dirigent l’humanité, pour tenter de changer l’état de la société au XVIIIe siècle, et de faire ce qui manquait à l’école encyclopédiste : une base pour renouveler les idées et les lois. Saint-Germain avait essayé en vain de peser sur les privilégiés et la royauté, pour obtenir des concessions et des réformes qui auraient empêché l'explosion des passions populaires ... Après avoir avorté cette tentative du siècle dernier, le comte de Saint-Germain n'a pas cessé de poursuivre la réalisation de son œuvre, il reviendra ostensiblement quand il le jugera nécessaire, c'est-à-dire dans notre temps ...
 

Il serait donc une sorte de Nicolas Hulot ou alors c'est Nicolas Hulot qui est une réincarnation du Comte de Saint-Germain.

Mais à cette « adoption » manquait une consécration « officielle ». Et cela n'a pas manqué. Le président de la Société théosophique, H. S. Olcott., a présenté son point de vue dans un article intitulé « Le comte de Saint-Germain et H.P.B. ». Pour HS Olcott, le comte de Saint-Germain est un « homme étonnant » et « l'une des plus pittoresques, les plus impressionnantes et les plus admirables figures de l'histoire moderne ». « Après avoir lu au sujet de tout ce que je pouvais trouver » il dit : « J'en suis venu à l'aimer et l'admirer autant que l'a fait HPB, et pour la même raison le messager de la Loge Blanche était un agent à temps plein, qui a utilisé toute sa force au service des autres ». Et il continue par ceci : « Il avait pour mission d'aider à diriger les lignes karmiques convergentes qui ont pris fin dans la terrible révolution de la fin du XVIIIe siècle, véritable cyclone conçu pour purifier l'atmosphère morale des sociétés européennes. Nous sommes arrivés à un moment où le matérialisme devait être combattu, et dans lequel la Société Théosophique allait inaugurer le règne de la pensée spirituelle. »

Décédé l'année suivante, en 1907, c’est Mme A. Besant qui est devenue présidente de la Société Théosophique. Elle explique à son tour dans une de ses œuvres que le comte de Saint-Germain n'était pas seulement dans sa dernière incarnation, accompagné d'un disciple :
« Le grand occultiste, frère de la Loge Blanche, c'était la plus grande force derrière le mouvement de réforme intellectuelle, qui a reçu le coup de grâce quand la Révolution française a éclaté. » Dans son ouvrage The Masters, Mme Besant nous donne la série "complète" des différentes incarnations du comte de Saint-Germain. Ainsi, le "Maître" aurait été successivement, en remontant le cours du temps : le dernier survivant de la maison royale des Rakoczi, au dix-huitième siècle; Francis Bacon de Verulam, au XVIIe siècle; Robert le Moine, au seizième siècle; Hunyadi Janos au XVe siècle et Christian Rosencreutz, le grand Rosa-Cruz, au XIVe siècle.

Pour étayer l'hypothèse émise par Mme Besant sur l'existence actuelle du comte de Saint-Germain, le théosophe CW Leadbeater prétend qu'il a rencontré l'Adepte hongrois en 1926 :

Je l'ai trouvé dans les circonstances les plus ordinaires sans rendez-vous, et comme par hasard, en descendant le Corso, à Rome, habillé comme le premier gentleman italien.
 

CW Leadbeater précise ensuite qu'une autre « incarnations » du comte de Saint-Germain a déjà été mentionné en la personne de Roger Bacon au XIIIe siècle, le néo-platonicien Proclus au Vème siècle, et Saint-Alban, premier martyr de la religion chrétienne en Grande-Bretagne, au troisième siècle après Jésus-Christ. Selon le même auteur, le comte de Saint-Germain est un thaumaturge :

Son travail se fait en grande partie par la magie rituelle, et il utilise de grands anges livrés complètement à ses ordres, heureux d'exécuter sa volonté. Tout en étant conscient de toutes les langues européennes et des langues orientales, principalement latine, ce qui est la forme particulière de sa pensée, et dont la splendeur et le rythme ne peut pas être dépassé.

 

Un lanceur d'alerte

Une autre prophétie a été publiée en 1836 dans les Souvenirs de la comtesse d'Adhémar. Cette comtesse fut une dame de la cour de Marie-Antoinette. Saint-Germain voulait prévenir le roi Louis XVI des malheurs à venir :

Ce règne lui sera funeste. Il se forme une conspiration gigantesque qui n'a pas encore de chef visible, mais il paraîtra avant peu. On ne tend à rien moins qu'à renverser ce qui existe, sauf à le reconstruire sur un nouveau plan. On en veut à la famille royale, au clergé, à la noblesse, à la magistrature. Cependant, il est temps encore de déjouer l'intrigue : plus tard ce serait impossible.
 

Cette alerte aurait été lancée en 1774. La comtesse d'Adhémar le présente à Marie-Antoinette à qui il pourra faire d'autres révélations plus précises sur les évènements qui allaient survenir quelques années plus tard : la Révolution Française.

La présentation au roi Louis XVI n'aura pas lieu car Saint-Germain pressentait que l'un des ministres du roi, le comte de Maurepas, cherchait à le faire arrêter. Saint-Germain disparaît une nouvelle fois.

L'histoire n'est pas terminée : il réapparaît au XXe siècle

Mais, voici une autre « histoire ». En 1935, dans certains magazines américains on trouve la mention de l'existence en Californie d'un centre appelé « La Confrérie du Mont Shasta », et peu de temps après, dans un petit magazine de Washington, sous la signature du Dr Stokes, sont relatées les activités du comte de Saint-Germain en Amérique et d'un travail qui venait de paraître. L'ouvrage dont il est question est intitulé « Mystères divulgués », dont l'auteur Godfrey Ray King est un pseudonyme de l'écrivain C. W, Ballard.

Dans la préface, l'auteur nous dit que ce travail est donné sous le contrôle du comte de Saint-Germain, Grand Maître, l'un des frères de la Grande Loge Blanche en Amérique depuis 1930. Le texte explique qu'il est l'expérience réelle et vraie qui a eu lieu pendant trois mois, d'août à septembre 1930, sur le mont Shasta.

Les conversations de l'auteur avec le comte de Saint-Germain sont mentionnées comme une réalité. Il dit l'avoir vu sous une forme matérielle et, en sa compagnie, il a visité des temples dans le désert du Sahara. En fait, il n’y a jamais eu de fraternité, que ce soit sur le mont Shasta ou dans les environs. Cela résulte d'une enquête menée sur le site par un journaliste américain, Geo L. Smith. Toute cette histoire n'était rien de plus qu'une fiction et une fraude.

Le comte de Saint-Germain est crédité d'un rôle caché, ou plus précisément "initiatique", et d'une longévité exceptionnelle. Les traditions de tous les peuples mentionnent en effet l'existence de personnages qui ont atteint un état spirituel très élevé et qui auraient vécu plusieurs siècles. Si, par exemple, nous prenons un état spirituel compatible avec certaines particularités attribuées au comte de Saint-Germain, on voit que pour un historien, il est impossible de savoir si cet état a été atteint par tel ou tel personnage. Selon l'historien René Guénon :

C'est essentiellement un état d'esprit, et donc purement intérieur, ce qui serait extrêmement imprudent de vouloir juger selon des signes extérieurs.
 

En outre, par la nature de leur rôle, ces rosicruciens ont échoué, en tant que tel, en laissant une trace dans l'histoire profane, de sorte que même si leurs noms pourraient être connus, ils n'ont certainement rien à personne; et d'autre part, ces noms n'auraient qu'une valeur relative puisqu'ils auraient changé selon le pays dans lequel ils résidaient, ce qui indique clairement qu'ils ont franchi certaines limites de l'individualité ordinaire ...

En ce qui concerne le « retour » du comte de Saint-Germain, nous ne discuterons pas la demande des théosophes, qui voient ce personnage, assimilé au « maître R » ... l'un des leaders et inspirateurs de leur société. M. René Guénon a suffisamment prouvé que la Société Théosophique, loin de transmettre un enseignement initiatique, ne dispose que d'une forme de contre-propagation grossière des doctrines hindoues, et une caricature du christianisme ésotérique.

Les théosophes ont utilisé, pour des raisons éminemment intéressantes, une légende qu'ils ont trouvée entièrement formée. La date de 1875 indiquée pour le « reprendre » le comte de Saint-Germain, correspond à peu près à un renouvellement des influences traditionnelles en Occident, mais la Société Théosophique serait plutôt son adversaire avant d'être son instrument.

Ce qui est arrivé au comte de Saint-Germain est expliqué dans un article « sensationnel » publié en Septembre 1895 dans Le Lotus Bleu, intitulé « Le secret du comte de Saint-Germain ».

Le comte de Saint-Germain est certainement l'homme le plus étonnant dont l'histoire a conservé le souvenir. Il est apparu en France au siècle dernier, sous Louis XV, sous le nom de comte de Saint-Germain ... Sa beauté était remarquable et ses manières splendides. Il avait un talent extraordinaire pour la parole, une merveilleuse instruction et érudition ; il connaissait et parlait admirablement presque toutes les langues connues… Musicien accompli, il jouait de tous les instruments, mais il aimait plus particulièrement le violon ; cela le faisait vibrer si divinement que deux personnes qui l'avaient entendu, et qui plus tard ont écouté le célèbre maître génois Paganini, ont mis ces deux artistes au même niveau.

Riche en excès, méprisant profondément les trésors, il prodiguait de grands cadeaux à ses amis, et même aux princes. Ses écrits étaient inépuisables. Transmutation des métaux, fabrication de l'or, il affirmait également avoir appris d'un ancien brahmane hindou comment vivifier le carbone pur, c'est-à-dire le transformer en diamant.

Il a vécu somptueusement ... il avait une mémoire prodigieuse ... il pouvait écrire avec les deux mains en même temps ... il lisait, sans les ouvrir, les lettres fermées, avant même qu'elles ne lui soient envoyées. Il a souvent prophétisé à la cour de Louis XV et de Louis XVI ...

Il entrait souvent dans un état léthargique qui pouvait durer 30 à 50 heures, au cours duquel son corps semblait comme mort. Puis il se réveillait restauré, rajeuni, dynamisé par ce repos magique et une connaissance stupéfiante concernant tout ce qui était arrivé dans la ville pendant ce temps. Ses prophéties, comme ses prévisions, ne l’ont jamais trompé.
 

Il est très étrange que l'histoire n'ait pas enregistré la mort d'un homme passionnément fascinant par toute l'Europe. Il est extrêmement surprenant que l'on n'ait jamais rien dit de ses funérailles, qu'aucun document ne contienne ses empreintes que tous les souvenirs rappellent.

Il est d'ailleurs plus ou moins prouvé qu'il aurait vécu plusieurs années après 1784. Il était, par exemple, à une grande conférence avec l'impératrice de Russie en 1786 ou 1788. On dit qu'il est apparu à la princesse de Lamballe lorsqu'elle était devant la cour révolutionnaire, quelques instants avant qu'elle ait la tête coupée, et à la maîtresse de Louis XV, Jeanne Dubarry, alors qu'elle attendait aussi le coup fatal, en 1793. Voltaire disait de lui « C’est un homme qui ne meurt point, et qui sait tout » et Frédéric II de Prusse l'appelait « l'homme qui ne peut pas mourir ». Saint-Germain était le porte-lumière (de la Grande Fraternité), envoyé en France vers la fin du siècle dernier, dont la mission était d'établir une organisation similaire à la Société Théosophique actuelle.

Tout ce qu'on peut dire avec certitude est que, avant la fin du cycle, doit survenir ce qu'on appelle parfois le « retour des anciens ». C'est la ré-manifestation des fonctions traditionnelles, maintenant cachées, avant que ne se réalisent les destinées de l'humanité. Enoch, Elias, l'Imam caché, Saint Jean, Gesar, ainsi qu'Arthur et Merlin, réapparaîtront. Et si les conjectures sont bien fondées, l'entité qui s'est manifestée sous le nom de comte de Saint-Germain va aussi réapparaître.



Notes :
(1) Le Comte de Saint-Germain aurait pu être confondu avec Pierre-Mathieu Renault de Saint-Germain (1697-1777), directeur de la compagnie des Indes et gouverneur du Bengale en 1755. On parle pourtant d'une lettre que Saint-Germain aurait envoyé d'Inde en 1755 et dans laquelle il parle de cette rencontre avec le général Clive et où il dit qu'il s'agissait de son second voyage en Inde. Il est fait mention de cette lettre sur ce site : https://www.mindshadow.fr/histoires-vraies-saint-germain/

(2) Il est tombé éperdument amoureux de la baronne d’Ogny qui, malheureusement, épousa le baron d’Ogny en 1748.

(3) On pourrait le confondre avec Robert-François Quesnay de Saint-Germain (1751-1805) qui était le petit-fils de François Quesnay, médecin de la marquise de Pompadour, et qui semble avoir été un occultiste notoire fréquentant assidûment les milieux francs-maçons.


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