L'histoire de Sargon d'Akkad

Sargon d'Akkad
Vers 2300 avan J.-C., après un quart de siècle d'existence, la domination que Lougal-Zaggisi avait imposée à la Mésopotamie s'effondra pour faire place à l'empire sémite de Sargon d'Akkad.

Ce chef de guerre victorieux n'était pas d'origine princière : né de père inconnu, il fut mis au monde en secret par une courtisanne d'un temple, qui l'abandonna, tel Moïse, au fil de l'eau. Recueilli par un porteur d'eau, Sargon devint un des officiers du roi de Kish. Lors de la prise de la ville par l'armée sumérienne, il réussit à s'échapper et fonda un camp à Agadé, ou Akkad, sur le moyen Euphrate. Ralliant des guerriers, il se trouva en peu de temps à la tête d'une armée puissante, plus mobile que celle de Sumer : une infanterie légère engageait le combat de loin, par une pluie de flèches, puis poursuivait l'ennemi jusqu'au corps à corps, où entraient alors en action la hache et la lance courte.

Lougal-Zaggisi fut battu, capturé, trainé enchaîné jusqu'à Nippur, où, suprême humiliation, il fut exposé dans une cage à la porte du temple d'Enlil, dieu du vent.

 

Le premier empire sémitique

Le rêve d'hégémonie sumérienne était brisé : son destructeur allait créer le premier Empire sémitique. En trente-quatre batailles, Sargon casse la tête de l'Elam, dompte le pays de Sumer, unifie sous son autorité l'Assyrie au nord et le pays des Amorites à l'ouest. Il étend sa domination de la Méditerranée au Golfe Persique, des déserts d'Arabie aux monts Zagros ; il est le premier roi des multitudes et des quatre régions du monde, le premier grand aventurier connu à fonder non seulement un empire, mais une dynastie qui, pendant plus de cent ans, dominera tout le Croissant fertile.

Le règne de Sargon ne fut ni tranquille ni heureux. Il passa les cinquante-huit années de son règne à guerroyer contre les montagnards du Nord-Est et de l'Est, et à dompter les soulèvements qui éclataient périodiquement. Son petit-fils, Naram-Sin, doit réprimer les révoltes de presque toutes les villes du pays, avant de subir une série de désastres dus à une invasion de montagnards du Zagros, les Goutéens ; il semble que ceux-ci avaient été eux-mêmes pressés par d'autres envahisseurs, les Umman-Nanda, cavaliers partis d'Anatolie, chez qui certains savants voient une avant-garde des peuples indo-européens.

Le syncrétisme des dieux akkadiens et sumériens

La Mésopotamie, sous le règne des Sargonides, avait pour la première fois fait figure d’État. Il semble que la dynastie de Sargon ait su tenir compte de la diversité des peuples de l'empire, gardant sous son autorité directe les régions à majorité sémite, et conservant au contraire à chaque cité sumérienne son prince et ses institutions en échange d'un droit de suzeraineté. Les croyances religieuses sémites s'assimilèrent étroitement avec celles de Sumer, le dieu solaire Shamash rejoignant Outou, la déesse Ishtar trouvant son répondant dans Innana, déesse de la fécondité. Le syncrétisme religieux devint si parfait qu'il sera très vite difficile de distinguer les caractères sumériens et akkadiens dans la religion de la Mésopotamie. Le sumérien resta langue officielle à côté de l'akkadien. Le personnel administratif fut recruté aussi bien chez les Sumériens que chez les Sémites.

Bientôt verront le jour des listes de vocabulaire comparé suméro-akkadien : ce sont les premiers dictionnaires de l'histoire. L'invasion des Goutéens mit fin à l'empire d'Agadé, dont la dynastie ne subsista qu'au sud du delta. Les envahisseurs ne se maintinrent pas longtemps : les Goutéens furent assimilés, et un prince d'Uruk, Utukhegal, chassa vers 2060 avant J.-C. les derniers chefs des « Dragons de la montagne ».


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