Le Splendor Solis

Splendor Solis
Le Splendor Solis, systématiquement associé au nom de Salomon Trismosin, est l'un des traités les plus célèbres de la littérature Hermétique du Moyen Âge, tant pour le prestige de Salomon Trismosin, considéré comme le professeur de Paracelse, comme le précise l’impression de l'Aureum Vellus (Rorschach, 1598), tant pour ses 22 magnifiques illustrations iconologiques célèbres pour leur symbolisme alchimique et pour leur valeur artistique.

Si vous avez eut la chance de feuilleter cet ouvrage, c’est en effet son côté artistique qui en ressort instantanément et qui l’a rendu si célèbre.

Le plus ancien exemplaire du Splendor Solis contient sept chapitres manuscrits en allemand. Il date de 1532. La première édition imprimée se trouve dans le troisième traité d'un recueil d’alchimie, l'Aureum vellus de 1599, attribué au légendaire Salomon Trismosin. Mais comme il existe une version manuscrite de 1532 ce ne serait donc pas Salomon Trismosin qui serait l’auteur de l’original.

 
 

Toyson d’Or ou La Fleur des Thresors

La travail figure dans les catalogues des bibliothèques européennes, également sous le titre de Toyson d’Or ou La Fleur des Thresors, publié à Paris en 1612. Ce titre différent de celui des manuscrits allemands reprend celle de toute la collection (Aureum Vellus) dans lequel figure le Splendor Solis.

La série d'images qui accompagnent le texte de Trismosin a souvent été exploité en tant qu’illustration des pages de titre des textes hermétiques, il est l'un des plus précieux de l'Europe occidentale.

On peut supposer qu'au début ce traité, comme d'autres textes alchimiques (ex : Liber Mutus, Speculum Veritatis, etc.), composé d’un ensemble d'images, qui, par leur nombre, 21+1, pourrait être abordée et comparées à celles des Abraham décrit par les Juifs (Flamel), et les 22 arcanes majeurs du livre de Toth (Tarot).

Les différents exemplaires et traductions

Détail du Splendor Solis
L’exemplaire le plus ancien du Splendor Solis, qui peut être considéré comme la version originale, est situé à Berlin dans la collection des Kupferstichkabinett (gravures sur cuivre); plusieurs de ses pages ont été publiées dans le magazine d'art Die B.A.S.F. (Ludwigshofen, 1955), avec un commentaire de O.F. Hartlaub.

Un manuscrit de 1582, précieux pour la beauté de ses miniatures, se trouve au British Museum à Londres sous la cote Harley Ms. 3469. Il est considéré comme le plus beau traité d'alchimie jamais créé. On y trouve exposées les clefs de la kabbale, de l’astrologie et du symbolisme alchimique. Il s’agit d’une compilation illustrée de traités alchimiques antérieurs. Le Splendor Solis est considéré comme un des trésors de la British Library.

D'autres manuscrits sont au Musée germanique de Nuremberg, Bema et Cassel. A ces manuscrits déjà rapportés par Hartlaub, Van Lennep ajoute l’édition qui remonte à 1577 et se trouve à la Bibliothèque Nationale de France à Paris. Selon une note sur le titre, il aurait appartenu à l'empereur Rodolphe II.

Deux autres exemplaires du Splendor Solis sont indiqués dans la liste des ouvrages Vossiani Chymici décrit par P. C. Boeren (Leiden, 1975) ayant appartenu à la bibliothèque de la reine Christine de Suède.

Un peu plus récent que les exemplaires précédents (XVIII siècle), la Bibliothèque Nationale de France à Paris possède un exemplaire connu sous le titre de La Toyson d'Or ou La Fleur des Tresors. Il s’agit d’une copie, en français, de l’édition de Sevestre (1612). Mais on y trouve des erreurs. Ainsi, les images, contrairement à celles de Sevestre, ne se suivent pas dans le même ordre, ce qui suggère que l'artiste aurait donné les codes originaux. Il se distingue par de petites scènes d’alchimie qui entourent la composition centrale.
 

Une traduction italienne

Les images du Splendor Solis ont toujours suscité une énorme fascination. Il serait intéressant de connaître le texte mentionné par leur symbolisme. Mais il n’existe que très peu de versions de l’édition française, publiée à Paris. L'impression de Sevestre ne figure dans aucun registre de bibliothèques françaises ou italiennes. Il n’en existe que de rares exemplaires dans des collections privées.

Mais il se trouve que le fond Verginelli-Rota fit don de son exemplaire à la Bibliothèque Corsiniana (Accademia dei Lincei). Certains se sont alors jeté avec enthousiasme dans l'entreprise de le traduire en italien.

Mais ce ne fut pas chose facile; plusieurs fois ils ont été tenté d’abandonner en raison des difficultés de traduction soumises par les Français de « l'époque », concernant notamment le style pompeux et emphatique du traducteur français, style qui donnait lieu à des passages alambiqués et obscurs, donc difficiles à rendre acceptables en italien moderne.

Dans le texte il n'y avait pas de référence (ou presque) au mythe des Argonautes, ni même à l'Ordre de la Toison d'or, comme le titre laisse supposer. C’est une autre raison qui suscite l’intérêt de connaître le texte que le symbolisme des chiffres représenterait.

Des publications récentes

Impressions du Splendor Solis
D’autres entreprises virent le jour pour en réaliser d’autres traductions : la version anglaise du Splendor Solis publiée dans le British Museum à Londres en 1920 par l'éditeur Paul Kegan avec 22 tables en noir et blanc, pris en charge par un traducteur anonyme JK, et après plusieurs mois, celui publié par la maison d'édition Retz en 1975, la Toison d'Or, et une impression correspondant à la version Sevestre qui, bien que publiée assez récemment, a été très vite épuisée et se trouve à présent intraçable.

Pourtant, cette dernière traduction serait d’une grande aide, en particulier pour effectuer un contrôle avec l'original grâce aux notes de B. Husson qui met en évidence quelques erreurs du traducteur, qui a signé de ses initiales L.I. De plus, le texte, tout en restant fidèle à l'ancien, est purgé des formes archaïques du Moyen Âge et est imprimé en caractères modernes, ce qui le rend plus facile à lire; Le volume contient également une inédite traduction française du texte allemand de Trismosin, il est donc possible d'identifier les ajouts de L.I. Il est également intéressant de voir la comparaison que fait Husson entre les chiffres du code de Paris 12297 et ceux de l'impression Sevestre, ce dernier apportant de l'ordre; et il corrige les déplacements dus à Sevestre.

Le livre se termine par un essai agréable par René Alleau concernant l’iconographique du manuscrit du Splendor Solis de Berlin.

Tout récemment, en 2010, les éditions M. Moleiro publièrent la première et unique reproduction du Splendor Solis, en une édition limitée à 987 exemplaires.
 

Pourquoi avoir changé le titre dans la version française ?

Pour tenter d'expliquer pourquoi le traducteur français avait changé le titre du Splendor Solis en La Toyson d'Or, on peut mettre en évidence les liens entre le mythe de Jason et les Argonautes, et pénétrer dans le symbolisme voilé des couleurs et des emblèmes de l'Ordre des Chevaliers de la Toison d'or. Et par extension y confronter l'enquête sur ces alchimistes (Mennens, Creiling, Fictuld, Canseliet, etc.) qui mettaient l'accent sur le caractère hermétique de l'ordre Bourguignon.

Dans la traduction italienne, au sujet des quelques réflexions sur le mythe de Jason, il a été suivi, à côté de celle de l'alchimie, la même interprétation psychologique.

Dans cette traduction le texte français fut respecté strictement, à l'exception de quelques changements dans la ponctuation.

L'annexe présente un petit poème avec l'explication de l’emblème hermétique de Vitriol, publié pour la première fois dans Aureum Vellus (1598).





Retour à la catégorie : La magie blanche (suite 3)