Naissance de l'Ordre des Templiers

Les Templiers
L'histoire des Templiers commence au XI° siècle, en 1099 plus précisément. Le 15 juillet, Godefroy de Bouillon et les troupes chrétiennes de la première croisade prennent Jérusalem, ouvrant la Terre Sainte aux pèlerins.

Mais la route pour y parvenir est longue et, surtout, dangereuse : brigands, voleurs et pillards de toutes confessions se succédant pour dépouiller, brutaliser ou tuer ces pèlerins. Pour certains nobles ayant contribué à la prise de Jérusalem, cette situation n'est pas acceptable. C'est ainsi qu'en 1118, deux chevaliers vivant sous la Règle des chanoines de Saint Augustin, Hugues de Payns et Geoffroy de Saint-Omer, créent une « milice chrétienne » (militia christi) qui, le 23 janvier 1120, lors du concile de Naplouse, est officiellement reconnue par la papauté sous le nom de « milice des Pauvres chevaliers du Christ ». Baudouin, le roi de Jérusalem, leur offrit pour quartier général l’ancien temple de Salomon. Dès lors, la milice voit son nom changé en « ordre des Pauvres chevaliers du Christ et du Temple de Salomon » afin de marquer son allégeance au temple supposé avoir abrité l'Arche d'Alliance. Sept chevaliers francs sont venus rejoindre les deux fondateurs de l'ordre, qui commencera ses activités par la défense du défilé d'Athlit, l'un des lieux les plus dangereux sur la route des pèlerins. L’Ordre des Templiers était né.

Les templiers protègent les routes des pèlerinages
© Tout sur l'Histoire - Les Templiers protégeaient les routes de pèlerinages bien peu sûres

Les Templiers obtiennent l'aval du Pape

Croix des Templiers
Croix des Templiers
Ces neuf chevaliers ont prononcé trois voeux : pauvreté, chasteté et obéissance, la protection des pèlerins contribuant à la « rémission de leurs péchés ». Pour développer son ordre, Hugues de Payns, accompagné de cinq de ses compères, retourne en Occident afin de recruter de nouveaux chevaliers et recueillir des dons. Le recrutement des Croisés fut surtout concentré dans le Royaume de France mais il a souvent eu un caractère international : des Bretons, des Frisons, des Allemands, des Anglais y participèrent. Mais le plus important dans l'ascension des Templiers fut d'obtenir une légitimation par le pape Honorius II. Appuyé par Bernard de Clairvaux (saint Barnard), l'ordre du Temple est adoubé lors du concile de Troyes, le 13 janvier 1129.

La règle du Temple est basée sur les règles qui sont suivies à Jérusalem. Les discussions tenues lors du concile de Troyes aboutissent à un texte définitif composé de 72 articles en latin. Il existe bien peu de différences avec la règle d’un ordre religieux, à ceci près qu’il est nécessaire de ménager la force des soldats. L’article 1er de la règle souligne que leur mission première d'être courageux. Pas question de leur imposer une trop lourde ascèse : les templiers ont le droit de boire du vin et de manger de la viande.

L'influence du Temple commence alors à croître. De nombreux chevaliers viennent le rejoindre, bien souvent avec leurs serfs. En 1139, c'est la consécration par bulle papale : ils dépendent directement du pape, seul désormais à pouvoir leur donner des ordres ou les juger. En 1147, après avoir lancé la deuxième croisade, le pape Eugène III octroie aux Templiers la croix rouge qui sera leur emblème que les chevaliers templiers porteront sur l'épaule gauche de leur manteau blanc (les soldats et sergents étant vêtus de brun).
 

Les Templiers vainqueurs de Saladin

Pendant les années qui suivent, les Templiers se distinguent par leur bravoure au combat. L'un de leurs principaux faits d'armes se déroule le 25 novembre 1177, lors de la bataille de Montgisard, où les quelques milliers de chevaliers et de soldats du roi Baudoin IV de Jérusalem, avec à leur tête quatre-vingts Templiers, vinrent à bout de l'armée de Saladin, pourtant forte de plusieurs dizaines de milliers d'hommes. Craints et respectés par leurs ennemis, les Templiers en étaient également mal vus, car s'ils étaient faits prisonniers, l'Ordre refusait de payer une rançon pour les libérer. C'est ainsi qu'après la défaite des troupes franques à Hattin, le 4 juillet 1187, Saladin fit décapiter tous les Templiers capturés, à l'exception de leur grand maître, Gérard de Ridefort.

La richesse des Templiers

Devenu une importance force militaire en Terre sainte, l'ordre du Temple connut en parallèle une importante expansion économique. Grâce aux dons et aux legs accordés par de nombreux chevaliers venus les rejoindre et les princes catholiques soucieux de gagner leurs bonnes grâces, le Temple devint un grand propriétaire terrien dans toute l'Europe chrétienne du Moyen Âge, disposant de revenus considérables pour l'époque. Les chevaliers s’enrichissent et construisent des forteresses au Proche-Orient : Safed, Tortose, Toran, le Krak des Chevaliers... Ils tirent des revenus du commerce des épices, du sel, du vin, des grains... En outre, ils investissent dans des terres, bois, maisons, moulins, fours qui rapportent de confortables rentes. Enfin, ils jouent le rôle de banquiers, redoutables concurrents des Israélites et Lombards ; ils deviennent virtuellement la première banque mondiale. Et, même s'ils n'exercèrent pas une activité de banquier telle qu'on la conçoit aujourd'hui, les Templiers influaient grandement sur l'économie, le commerce et la finance. En prêtant de l'argent aux particuliers et aux princes - sans intérêt, la pratique étant interdite par l'Eglise aux chrétiens. Mais aussi en créant le système des lettres de change : avant de partir vers la Terre sainte, un pèlerin (ou un marchand) laissait ses biens à une commanderie templière en échange d'une lettre indiquant le montant de la somme déposée ; une fois arrivé à destination, Il lui suffisait de présenter cette lettre à la commanderie locale pour récupérer ses avoirs en monnaie locale.

Le début du déclin des Templiers

Costume des Templiers
Mais cette montée en puissance connut un important coup d'arrêt le 28 mai 1291 lorsque Saint-Jean-d'Acre, le dernier bastion chrétien en Terre sainte, tomba malgré la résistance acharnée des Templiers. L’Ordre dut alors se replier sur Chypre, le siège mondial d'alors de la congrégation. C'est là que, le 20 avril 1292, Jacques de Molay devint le 23° grand maître de l'ordre du Temple. La réputation de celui-ci ayant pâti de la défaite de Saint-Jean-d'Acre, de Molay s'évertua donc à tenter de la rebâtir, en réorganisant l'Ordre et en montant une croisade destinée à réinvestir Jérusalem.

Alliés aux Mongols de Ghâzân, le khan de Perse, les chrétiens monteront une expédition dans un premier temps victorieuse (à la bataille d'Homs, fin 1299) avant de devoir se replier sur l'île d'Arouad. Mais les Mongols font rapidement défection et, en septembre 1302, les Mamelouks égyptiens prennent l'île et massacrent les Templiers vaincus.

A Chypre, la situation n'est pas meilleure. Comme les Hospitaliers qui y ont également trouvé refuge, les Templiers se voient refuser par le roi Henri II le droit d'acheter des terres. Les Hospitaliers s'en vont alors conquérir Rhodes (1303), qui devient leur siège, alors que les Templiers mènent campagne pour le roi de Sicile en Grèce avant de revenir à Chypre, en 1306, pour aider Amaury de Lusignan à détrôner son frère Henri. Celui-ci reviendra à Chypre en 1310, à la mort d'Amaury, et il dissoudra les Templiers en 1313.

 

Retour à la catégorie : Sectes