L’introduction de ces nouveaux produits conduit à l’abandon de certaines pratiques anciennes. C’est le cas notamment au Maroc de ce qu’on appelle
rjem. Ce mot vient de la racine
r-j-m et se traduit dans ce contexte par «
lancer des pierres contre ».
Rjem est une
pratique sorcière consistant à provoquer une pluie de toutes sortes de choses s'abattant sur la maison de la victime. Cette hécatombe de matériaux hétéroclites est généralement constituée d'excréments, de cailloux, de morceaux de verre, de crachats, de morve, de bave, de sang des règles, de fragments d'os, et d'autres choses bien répugnantes. Peu de sorciers l'utilisent encore de nos jours et la pratique à quasiment disparue. Mais seule l'expression est restée et parfois, quand un vent de sable transporte beaucoup de poussière et des petits cailloux, les gens disent «
ça ressemble à rjem ».
Une autre évolution se remarque dans la
façon de porter les talismans. Alors qu'autrefois les gens les portaient d'une manière très visible, souvent en médaillon dans un petit sachet, ils sont à présent dissimulés à l'intérieur d'un bijou moderne qu'on n'accroche pas autour du cou par un bout de ficèle mais avec une chaînette tout autant moderne. Ainsi, personne ne peut s'imaginer que vous portez un talisman car les européens portent le même genre de bijoux. Si vous portiez un gri-gri dans un étui en tissus ou en cuir toute le monde saurait qu'il s'agit d'une amulette et non d'un bijou.
Autrefois les femmes enceintes se couvraient les mains et les pieds de henné au
septième mois grossesse. Elles portaient aussi un sachet magique autour de la taille pour
se protéger des effets du mauvais œil. Aujourd’hui, on met les mêmes ingrédients dans une petite bourse verte brodée de fils d’or que l'on glisse dans sa poche.
Ces deux exemples montrent bien que la façon de pratiquer la sorcellerie n’est pas figée dans le temps mais s'adapte à l'époque à laquelle vivent les gens. Certaines pratiques dégueulasses comme le
rjem n'ont plus court. Si on porte toujours des talismans il faut le faire en accord avec la mode d'aujourd'hui pour s'insérer dans la société culturelle moderne, avec ses codes d'élégance et ses codes de pensée.