La naissance de Babylone

Stèle d'Hammurabi
Sommet de la stèle d'Hammurabi
L'un des premiers rois de Babylone était Hammurabi. Il a écrit le célèbre code Hammurabi près de 2000 ans avant J.-C. Il a promulgué des lois pour une civilisation avancée, régissant le commerce et la vie sociale. Mais que s'est-il passé pour en arriver à la grandeur de Babylone ?

Les souverains de la IIIe dynastie d'Ur, qui avaient réussi à unifier une nouvelle fois la Mésopotamie, seront en proie aux mêmes difficultés que leurs prédécesseurs, les Sémites d'Agadé (Akkad). A la menace constante des montagnards du Nord, à laquelle les rois sumériens, comme leurs prédécesseurs akkadiens, devaient constamment faire face, s'ajouta bientôt un nouveau péril venu de l'ouest : les Amorites. Ces nomades sémites, sortis à leur tour des déserts d'Arabie, commençaient à pénétrer en Mésopotamie à partir de la bande côtière syro-palestinienne. Ils firent preuve d'une incontestable supériorité militaire car, dès le début du IIe millénaire, des princes de cette race régnaient à Assur, Babylone, Mari, Kish et Larsa. Profitant du désordre, les Elamites du sud de l'Iran s'emparent d'Ur et en emportent les dieux.

La domination des Néo-Sumériens est morte : politiquement, Sumer a disparu de l'histoire. Son peuple a laissé à ses successeurs le souvenir, bientôt légendaire, d'hommes qui avaient posé les fondements de l'écriture et dressé à la gloire de leurs dieux certains des plus grandioses monuments de l'Antiquité.

Les Elamites ne peuvent profiter de leurs victoires, car le roi amorite d'Isin et de Nippur s'empare bientôt d'Ur. Il dominera les pays durant un siècle, puis sera lui-même renversé par les souverains de Larsa. Pendant ce temps Babylone s'organise, tandis qu'Assur, Mari, deviennent les capitales d'autant de royaumes, et que les conflits ravagent sans cesse la Mésopotamie. Une dernière grande guerre va opposer les diverses cités, avant qu'elles ne soient réunies sous le sceptre d'un seul. L'ultime phase de la lutte dura près de dix ans et fut décisive. Hammurabi, prince de Babylone, devint le maître souverain de la Mésopotamie toute entière vers 1729 avant J.-C.

Hammurabi et l'empire de Babylone

Le code d'Hammurabi
Le code d'Hammurabi
Seul sur les ruines de la puissance de ses ennemis, se dresse Hammurabi, l'Amorite. La force des armes n'a pas été la seule cause de son succès. La lecture des archives du palais de Mari, retrouvées 3500 ans plus tard, nous dit comment le vainqueur sut faire jouer l'un contre l'autre tous ses rivaux. Il nous apparaît comme un souverain rusé, utilisant davantage ses diplomates que ses soldats, ses alliés que ses propres forces. Il poursuit systématiquement une politique de centralisation administrative, se heurtant au particularisme traditionnel des cités comme Kish, Ur, Isin, Larsa, où les princes des royaumes déchus se soulèvent.

Il faut d'interminables sièges, des campagnes incessantes, pour venir à bout des rébellions, tout en gardant contre les infiltrations kassites les frontières du Zagros. Dans chaque circonscription, des gouverneurs assurent l'administration, font la liaison avec les pouvoirs locaux, les assemblées, les conseils d'anciens. Nous pouvons suivre, grâce aux documents écrits, la minutie de son gouvernement.


Voici un extrait d'un message royal à Shamashchasir, gouverneur de Babylone du Sud, à Larsa :

A Shamashchasir, je parle. Voici ce que dit Hammurabi : Igmilsin m'a informé de ce qui suit : ainsi que mon maître me l'a ordonné, j'ai inspecté les jardins. Dans ces jardins des arbres ont été abattus et personne ne les surveille.
Voici ce dont il m'a informé. Quand tu liras cette lettre (ici, des mots manquent)... devra surveiller les jardins qui lui ont été confiés. Et en ce qui concerne les arbres abattus : sont-ce les gardiens du jardin qui les ont coupés ou ont-ils été abattus par une autre main ? Examine l'affaire et écris-moi en détail.

 

Le premier législateur de l'histoire

Le code d'Hammurabi
Une tablette du Code d'Hammurabi
On imagine la bureaucratie que laisse supposer un pareil souci du détail. La propriété était cadastrée, protégée, la corruption combattue. Il n'est pas étonnant que la centralisation se reflète aussi dans la justice et les lois, que nous connaissons par le fameux code, gravé sur des obélisques noirs, compilation des lois et coutumes antérieures qui donne un tableau précis de la société mésopotamienne. Cette société est divisée en trois classes : les hommes libres, les esclaves et, entre les deux, les petites gens, les moushkenou (d'où dériva, par l'intermédiaire de l'arabe et de l'italien, le mot « mesquin »).

Hammurabi a statué sur une civilisation avancée qui avait des lois écrites portant sur les taxes, les salaires, les travaux publics et même le commerce international. Découvert en 1902, le code de Hammurabi, écrit en pierre, se trouve maintenant au musée du Louvre à Paris.

Tout est réglementé : l'entretien des canaux, les rapports de propriété, les contrats de travail, les dettes (le débiteur insolvable doit travailler pour le créancier, et peut même donner sa femme en gage), la fabrication de boissons, les échanges commerciaux. La loi du talion sanctionne injure, blessures, meurtres, avec des peines variant selon la hiérarchie sociale. Mais la barbarie des punitions ne doit pas nous empêcher d'apprécier le soin avec lequel la vie et la propriété sont protégées, comme en témoignent ces dispositions extraites des deux cent quatre-vingt-deux paragraphes du code :

Quand un homme accuse un autre de meurtre sans pouvoir le prouver, l'accusateur doit être tué. Si un homme pénètre par effraction dans une maison, il sera tué et incinéré devant le lieu de son effraction. Quand un esclave donne une gifle au fils d'un homme libre, on doit lui couper l'oreille.
 

Un architecte pouvait payer de sa vie l'effondrement d'une maison, et si le fils du propriétaire était tué par les décombres, le fils de l'architecte était mis à mort. L'adultère comme la dissipation des biens étaient punis de mort par le pal, le feu, ou la noyade. Les amendes et les transactions étaient réglées en mesures d'orge, de blé, ou en lingots métalliques (or, argent, cuivre).

La capitale du commerce mondial

Carte de la Babylonie
Situé entre l'Asie orientale et la Méditerranée, le pays était une plate-forme commerciale où les fleuves et les caravanes assuraient les transports : exportation des produits de l'artisanat, cuivre de Chypre, bois du Liban, encens et pierres précieuses de l'Inde, étain du Caucase. Les commerçants assyriens, organisés en sociétés, étaient les intermédiaires les plus actifs. Paysans et esclaves entretenaient les cultures essentielles (orge et dattes) et les troupeaux (ânes, porcs, moutons et chèvres) ; mais, à la différence de l'Egypte, nous ne savons rien de leur existence quotidienne.

Hammurabi est parvenu à faire de Babylone une énorme capitale, et la ville sainte de toute la Mésopotamie. Si l'akkadien était devenu la langue officielle, le sumérien restait la langue savante. Aussi, les textes de base, tant religieux que littéraires et scientifiques (traités de mathématiques et de géométrie élémentaires), sont-ils encore rédigés en sumériens, ce qui exige un enseignement avec grammaire et dictionnaire, conservant et diffusant les acquis de la vieille culture sumérienne. C'est ainsi que la civilisation et la religion mésopotamiennes survivront à la faillite politique des successeurs du grand empereur amorite.

L'Ancienne Babylone

Représentation de Babylone
Babylone n'était pas seulement l'une des plus belles villes du monde, elle était aussi la plus puissante. Situé dans une région que beaucoup d'érudits de la Bible considèrent comme étant le berceau de la civilisation (la vallée du Tigre et de l'Euphrate, maintenant faisant partie de l'Irak), l'histoire de Babylone commence en 2400 avant J.-C. et dure jusqu'à la Tour de Babel. Cette ville est suffisamment importante pour être mentionnée dans l'Ancien Testament plus de 250 fois.

Les historiens anciens nous ont dit que, au sommet de sa gloire, Babylone était protégée par 60 km de murs, à 15 km de chaque côté. Les murs étaient de 300 pieds de haut, 80 pieds d'épaisseur à leurs fondations étaient coulées jusqu'à une profondeur de 35 pieds sous le sol. Sur les murs se trouvaient 250 tours avec des logements pour le personnel militaire. Il était possible d'entrer et de sortir de la ville par l'intermédiaire de 100 portes en laiton hautement gardées. Des canaux profonds et larges entouraient l'extérieur des murs. Ses jardins suspendus étaient l'une des Sept Merveilles du monde antique.

À l'intérieur de la paroi extérieure, il y avait une autre barrière composée de deux parois parallèles de 20 pieds d'épaisseur. Le mur intérieur était également protégé par un canal. Un quart de mille plus loin du mur intérieur se trouvait la ville. Au temps des guerres antiques, c'était tout simplement une place imprenable.
 

Les dieux Babyloniens

Ishtar, déesse de Babylone
Babylone était un centre national d'idolâtrie pour certains dieux locaux qui ont rapidement supplanté toutes les autres divinités. Son dieu principal était Marduk (encore appelé Bel). Le temple de Marduk contenait des images d'or de Bel et d'Ishtar, y compris une figure humaine d'or massif de 18 pieds de haut. Babylone possédait 53 temples et 180 autels dédiés à Ishtar.

Ishtar était adorée comme la déesse de la lune. C'était une déification de la passion sexuelle. La prostitution sacrée dans ses sanctuaires était une coutume universelle parmi les femmes Babyloniennes. Toute jeune fille, femme ou veuve devait se soumettre à ces rites au moins une fois dans sa vie.

Marduk, Dieu protecteur de Babylone

La fin de Babylone

Lorsque Hammurabi meurt, après quarante-trois années de règne, le Croissant fertile est unifié sous son sceptre depuis trois ans seulement. Son fils, Samsu-Iluna, qui lui succède vers 1686 avant J.-C., ainsi que les quatre héritiers de celui-ci devront céder peu à peu devant les incursions d'autres montagnards, les Kassites, qui fuyaient devant les migrations aryennes où se trouvaient encore mêlés les ancêtres des Mèdes, des Perses et des Indiens.

Comme plus tard l'Empire romain, la riche Mésopotamie succombe sous de grands mouvements de peuples. Comme Rome, elle a été un des agents de civilisation du monde antique. Pendant que les dynasties kassites s'installent en terrain conquis pour des siècles obscurs, plus au nord, sur le plateau d'Anatolie, d'autres envahisseurs indo-européens, se superposant aux populations autochtones, vont constituer le nouvel empire des Hittites qui précèdera la puissance assyrienne. Cette mêlée de peuples n'avait pas épargné l'Egypte qui, à la même époque, était envahie par les Hyksos.

La ville est tombée sans bataille ; et aujourd'hui, l'ancienne Babylone, prophétisée par Ésaïe cent ans avant qu'elle ne soit à au zénith de son pouvoir, n'est rien d'autre qu'un tas de ruines. Beaucoup de briques de ces ruines ont été utilisées dans la construction de Bagdad, la capitale de l'Irak. Il est intéressant de savoir qu'Alexandre le Grand a voulu restaurer Babylone, mais ses projets ont été interrompus par sa mort prématurée. Plus récemment, Saddam Hussein a fait reconstruire une petite section de la ville et l'a utilisée comme un point de ralliement psychologique pour ses partisans. Mais la ville ancienne n'a plus du tout l'importance majeure dans le monde commercial ou politique d'aujourd'hui que ce qu'elle était lors de sa splendeur passée.

En se référant à Babylone, Ésaïe prophétise :

Elle ne sera plus jamais habitée, et elle ne sera point peuplée de génération en génération. L'Arabe n'y dressera point sa tente, et les bergers n'y parqueront plus leurs troupeaux.

 
Ésaïe 13:20.
 





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