Le Palo à Cuba

Crane humain avec peintures
Le Palo est également connu sous le nom de Las Reglas de Congo. Il s’agit d’une religion avec diverses dénominations qui s’est développée à Cuba parmi les esclaves venus d'Afrique centrale, en particulier du Congo, et leurs descendants. Palo est donc le terme générique donné à Cuba aux religions africaines provenant du culte pratiqué chez les bakongo (Angola, Congo et Cabinda). Le Palo se différencie de la Santéria qui, quant à elle, puise ses traditions dans les traditions du peuple Yoruba du Nigéria.

Les mouvances du Palo sont souvent appelées des « branches », ou « Rama » en espagnol. On peut dénombrer notamment le Palo Mayombe (ou Mallombe), le Monte, la Briyumba (ou Brillumba), et la Kimbisa (ou Quimbice). Le Mallombe est pratiqué par les Mayomberos. La Kimbisa est pratiquée par les Quimbiceros.



Le mot "palo" a été utilisé en raison de l'utilisation de baguettes en bois dans la préparation des objets rituels, également appelées "la Nganga ", "el caldero", "nkisi" ou "la Prenda". Les prêtres de Palo sont appelés des "Paleros", des « Tatas » quand ce sont des hommes, des « Yayas » quand ce sont des femmes ou encore des « Nganguleros ». Le palero est à la fois un guérisseur, un devin, et un prêtre avec une fonction sacerdotale et sociale bien ancrée dans la culture afro-cubaine. Les initiés sont appelés des « ngueyos » ou encore « pino nuevo ».

Le Palo est intimement lié à la sorcellerie car il fait une utilisation abondante de restes de cadavres humains et particulièrement les crânes. A ce titre la religion est initiatique et secrète. Chaque élève palero reçoit son enseignement d'un maître qui lui révèle les secrets des forces de la nature, les codes, le langage et la codification du déroulement des cérémonies rituelles. D’après wikipedia le Palo ne serait pas ouvert aux homosexuels. Mais Wikipedia reste muet sur la source de cette information tendancieuse.
 

Histoire du Palo à Cuba

Le Palo prend ses racines dans le bassin du Congo de l'Afrique centrale, d'où un grand nombre d’esclaves Kongo ont été amenés à Cuba où la religion a été organisée. Le Palo est la langue liturgique constituée d’un mélange d’espagnol et de diverses langues bantoues (lengua, bozal ou habla Congo).

Cuba avait besoin de main d’œuvre pour travailler dans les plantations. Cette main d’œuvre était à l’origine constituée d’esclaves de la métropole envoyés sur l’île. On les appelait des Ladinos. Mais, connaissant parfaitement la langue espagnole, il leur était bien plus facile de s’évader.

Pour établir une barrière linguistique on commença alors à faire venir des esclaves bakongo qui ne parlaient que les langues bantoues. Ils étaient de plus dotés d’une grande force physique parfaitement adaptée aux durs travaux des plantations de canne à sucre. C’est ainsi que les bakongo apportèrent avec eux leurs traditions et leur religion, ce qui devint la Réglas del Congo, autrement dit le Palo.

Système de croyances et rituels

Le système de croyances du Palo repose sur la religion bukongo, la religion des Bakongo, qui est basée sur deux piliers principaux :

La vénération des esprits.
La croyance dans les pouvoirs naturels de la terre.

Tous les objets naturels, et en particulier les bâtons, sont supposés être dotés de pouvoirs, souvent liés aux pouvoirs des esprits. Dans le culte Palo la nature est « animée », autrement dit habitée par une âme ou du moins des esprits.

Un certain nombre d'esprits appelé Kimpungulu (singulier : Mpungu ou Mpongo) habitent les nkisi (objets sacrés, également orthographié Knisi, Enkisi, Inquice ou Inquise). Les Kimpungulu sont bien connus par leurs noms et leurs actions et sont souvent vénérés comme des esprits possédant des facultés anthropomorphiques. Ce sont des entités puissantes, mais ils sont classés en dessous du Créateur Suprême Zambi ou Nzambi, ce qui fait du Palo une religion hénothéiste. Il n’existe cependant aucun culte pour Nzambi qui n’a aucun contact avec les hommes. Tout est laissé à la gestion des Kimpungulu.

La pratique principale du Palo se concentre sur le réceptacle religieux, ou autel, appelé « la Nganga », « el caldero », « nkisi » ou « la Prenda ». Ces autels sont des « pots » consacrés qui servent de microcosme. Il s’agit parfois d’une simple marmite de fer remplie d’un mélange et recouverte de bâtonnets (palos). Chaque Nganga est dédié à un Mpungu spécifique. Souvent, ce « pot » religieux est également soupçonné d'être habité par l’esprit des morts (presque jamais l'ancêtre direct du propriétaire de l'objet). Cet esprit fantôme est appelé « Nfumbe ». Il agit comme un guide pour toutes les activités religieuses qui sont effectuées avec le Nganga. Toute la vie religieuse des bakongo tourne d’une part autour du rapport entre le monde des vivants et, d’autre part, celui des ancêtres et des esprits animés des choses.

Chaque Nganga est reconnu comme un objet sacré et vivant, représentant les puissantes forces de la nature. En ce sens, il est honoré comme il se doit par des chants, des sacrifices, des danses et de la musique (tambours) permettant aux esprits de se manifester par l'entrée en transe des prêtres.

Diverses méthodes divinatoires sont utilisées dans le Palo. Le Chamalongos utilise divers matériaux, souvent des coquilles de noix de coco. Une méthode plus traditionnelle, le Vititi Mensu, est une forme de divination qui utilise une corne d'animal sanctifiée coiffée d'un miroir.

Les branches de Palo sont réparties dans les maisons du temple appelées munansós. Elles sont dirigées par un prêtre expérimenté (« Tata ») ou une prêtresse (« Yaya »). Il n'existe pas d'autorité centrale dans le Palo.

Il existe par contre une organisation très précise des missions de chacun au travers d’une répartition des rôles selon qu’il s’agisse d’une action bénéfique ou maléfique et en fonction du domaine de l’action qui peut être soit individuel, soit collectif. Ainsi, lorsqu’il s’agira de jeter un mauvais sort sur un village, ce sera aux anciens du village de requérir l’aide des ancêtres (esprits défunts). A l’opposé, quand il faut faire appel aux forces positives pour favoriser une récolte ce sera au prêtre de faire intervenir les Simbi, des esprits locaux bienveillants. Les Simbi ne sont pas liés aux lignages et à la famille. Ils sont uniquement associés à un lieu précis. Dans ce cas, l’intervention des anciens n’est donc nullement nécessaire.

Le syncrétisme

Le syncrétisme religieux avec le catholicisme est répandue au sein du Palo en raison du fait que le Royaume du Kongo a adopté la religion catholique et a créé une forme de Kongo-catholicisme dès le XVe siècle. L’iconographie et son absence est le reflet de deux croyances socio-politiques qui ont été en opposition pendant des siècles. A Cuba, on distingue le Palo Cristiano qui utilise le crucifix et les images des saints catholiques comme des représentations des Kimpungulu, et le Palo Judio où il n'y a pas d'images iconographiques catholiques. Bien que le nom de Palo Judio signifie littéralement « Palo juif », le terme « juif » tel qu'il est utilisé ici ne se réfère pas au judaïsme ; il est plutôt un raccourci métaphorique pour « refusé de se convertir au christianisme ».

En raison de la popularité du Spiritisme de Kardec à Cuba, de nombreux temples de Palo ont rendu obligatoire la pratique de séances spirituelles appelées Misas. Elles servent notamment à identifier les guides spirituels qui vous aideront à développer votre vie. Ces guides s’expriment souvent sous l’effet de la possession et peuvent donner des conseils directs.

Le Panthéon du Palo

Le plus haut niveau du panthéon des divinités dans le Palo est occupé par le Dieu créateur suprême : Nzambi. Les Kimpungulu (Mpungu au singulier) sont des esprits de la nature emprisonnés dans des vases sacrés (nkisi). D'autres esprits se retrouvent dans le Palo :

Nfuri-Ntoto : les esprits errants,
Bakulu ou Kinyula Nfuiri Ntoto : les esprits des ancêtres,
Nfumbe : l'esprit du nkisi, esprit des ancêtres.

Les sorciers s’appellent Nganga, comme le réceptacle sacré (Nkisi, la Prenda). Ils peuvent faire appel aux Nfuri-Ntoto qui sont des fantômes errant en lisière des villages. Les Nganga peuvent lancer le mauvais sort sur quelqu’un. Il existe des magiciens qui sont l’inverse des sorciers. On les appelle aussi les Nganga. En effet, il est de coutume que les sorciers d’Afrique « travaillent des deux mains », c’est à dire qu’ils pratiquent à la fois la magie blanche et la magie noire. Ils utilisent les nkisi pour satisfaire les demandes des gens ou pour s’opposer aux actions maléfiques d’un autre Nganga. Traditionnellement, la Kimbisa correspond plutôt à des pratiques de magie bénéfique alors que le Mayombe est plus tourné vers la magie noire.

Les Dieux supérieurs

■ Nzambi
■ Lukankazi

Les principaux Kimpungulu

■ Nkuyu (Simbi Nkuyu) : dieu des routes et des voyage. L’équivalent de Saint Antoine.
■ Kengue (Centella Ndoki / Pungu Mama Wanga /Yaya Kengue / Mariwanga / Mariguanda) : le gardien du seuil entre vie et mort. L’équivalent de Sainte Thérèse.
■ Kobayende (Bacoballende / Pata llaga / Tata Pansua / Tata Funde / Tata Fumbe / Pungun Futila / Tata Kanene) : le propagateur de la maladie et celui qui agit pour la retirer. C’est l’équivalent de Saint de Lazare.
■ Gurufinda (Sinduala Ndundu Yambaka Butan Seke) : dieu de la forêt. Dieu des herbes médicinales.
■ Padre Tiempo (Kimbabula / Kabanga / Madioma / Mpungo Lomboan Fula / Nsambia Munalembe / Tonde / Daday Munalendo) : le dieu de la divination. L’équivalent de saint François.
■ Lucero (Nkuyo / Manunga / Lubaniba) : un guerrier qui apporte la justice et guide chacun à travers les chemins de l’existence.
■ Kalunga (Madre de agua / Mama Kalunga / Pungo Kasimba / Mama Umba / Mbumba Mamba / Mbumba Mamba / Nkita Kiamasa / Nkita Kuna / Mamba / Baluande) : Les Esprits de l’eau.
■ Chola Wengue (Mama Chola) : Déesse de la richesse, la passion d’un nouvel amour.
■ Má Lango : déesse de l'eau et de la fertilité
■ Tiembla Tierra (Yola / Pandilanga / Mama Kengue) : Energie de la paternité de la sagesse et de la justice.
■ Watariamba (Nkuyo Lufo / Sca Empeno / Nguatariamba Enfumba Bata / Cabo Rondo / Vence Bataya) : Dieu de la chasse et de la guerre. L’équivalent de Jean-Baptiste.
■ Nsasi (Nsasi Siete Rayos / Mukiamamuilo / Sabranu Nsasi) : l’éclair brillant à sept branches. Dieu du tonnerre et du feu. L’équivalent de Sainte Barbara.
■ Zarabanda (Saraband) : Il correspond à Saint-Pierre. C’est la quintessence de l’énergie en action. Le dieu du travail et de la force.

Les nkisi c’est quoi ?

La nature du nkisi est des plus complexe et il convient d’en expliquer un peu le fonctionnement. Il s’agit d’un récipient, souvent un pot de terre, qui contient un mélange de matières minérales (terre, cendre, plantes, racines, feuilles) et animales (reliques et ossements). Ces dernières peuvent être d’origine humaine.

Le nkisi est une sorte de pot magique et son contenu, selon sa nature, apporte différentes énergies et propriétés. Le magicien l’utilise au cours de rituels magiques.

Mais le nkisi ne se contente pas d’apporter des énergies magiques. Il contient également des esprits et il est pour certains rituels le siège d’un Mpongo, l’équivalent d’un Orisha ou d’un vodun. Ces esprits sont des intermédiaires entre le Dieu Créateur et le monde des humains.

Le Mayombe

La règle du Mayombe est la première à voir son apparition à Cuba dans la région de Pinard del Rio où de nombreux esclaves en provenance du royaume du Kongo s’évadaient dès leur arrivée. Rattrapés par les rancheros et exécutés, leurs esprits constituent les « fondamento » ou Nganga (knisi) Mayombe. D’ailleurs le Mayombe ne traite qu’avec les nfumbe ou l’énergie des défunts et avec une seule divinité Nsasi Siete Rayos. Les « nations » mayombe ne sont pas christianisées.

Le Brillumba

Il s’agit de la branche dominante de la religion Palo. Elle s’est fortement syncrétisée avec le christianisme. Ses Baganga (knisi) contiennent les kimpungulu. Le terme Brillumba vient du kikongo et signifie « crâne ». L’utilisation des ossements humains, en particulier les crânes, est en effet un des fondements de ce rama.

Kimbisa

Le kimbisa était le grand prêtre du royaume du kongo et les règles du rama semblent indiquer que ce culte proviendrait des kimpasi, une société secrète africaine. A l’origine, la kimbisa n’est pas christianisée. Au XIXe siècle le Tata Andres Petit (Andrés Facundo Cristo de los dolores Petit) réorganisa le culte kimbisa et créa le rama Kimbisa Santo Cristo Buen Viaje (SCBV) en lui affectant ses propres options. La kimbisa SCBV est fortement imprégnée par l’ensemble des religions présentes à Cuba ainsi que par la Franc-maçonnerie et le spiritisme de Kardec. Mais cette rama ne doit pas être confondue avec la Kimbisa classique qui est plutôt tournée vers la magie blanche.

Controverse autour du Palo

Le Palo a été lié à la profanation de tombes au Venezuela. Les habitants rapportent que la plupart des tombes du cimetière Cementerio General del Sur à Caracas ont été ouvertes et fouillées et leur contenu dérobé pour être utilisé dans des cérémonies de Palo. A Newark dans le New Jersey, on a découvert chez un pratiquant de Palo les restes d'au moins deux cadavres, en particulier les crânes, à l'intérieur de pots entreposés dans le sous-sol de sa maison, ainsi que des objets pillés dans une des tombes.





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