L'examen du texte dévoile des emprunts à des ouvrages mystiques comme la
Risāla d'
al-Qušayrī, des traités de science des lettres comme la
Risālat al-Ḥurūf attribuée à
Sahl al-Tustarī, mais aussi à des
ouvrages mystiques, plus tardifs, sur l'ésotérisme syrien du VII°/XIII° siècle ou le soufisme maghrébin de la même époque. À côté de ces ouvrages mystiques, la théologie, les
recueils de hadith et l'exégèse coranique ont également fourni un matériau dense. Ces sources sont articulées de façon à introduire de façon thématique les éléments les plus conformes à une image épurée de la religion avant d'en développer les aspects les plus ésotériques.
Le second aspect marquant du
Šams al-ma'ārif est son contenu proprement « magique ». La magie juive et la
kabbale hébraïque ont à ce titre donné de nombreux éléments dans la mesure où l'on retrouve des noms d'origine juive dans les pratiques magiques de l'ensemble du bassin méditerranéen. Le
Sefer Raziel et les ouvrages de
Nahmanide semblent avoir eu un impact essentiel sur le développement des éléments magiques dans le
Šams al-ma'ārif. La
magie astrale, tant juive que musulmane, a également été mise à contribution et conformée avec les préceptes de la
science des lettres : par exemple, si
Ibn Masarra avait constaté que les lettres de l'alphabet étaient vingt-huit, comme les
mansions lunaires, le
Šams al-ma'ārif établit les
correspondances entre les lettres, les mansions lunaires, les noms des entités spirituelles qui les représentent et les répartit également selon les
douze signes du Zodiaque. Les sept planètes sont associées aux sept jours de la semaine et aux sept versets de la première sourate ou aux sept lettres absentes de cette même sourate, développant une
lecture astrologique de certains versets coraniques. L'angélologie ainsi présentée est difficile à retracer : si des noms sont d'origine juive, grecque ou mésopotamienne, la langue arabe fut également à la base de nombreux noms et détourna la symbolique de noms préexistants. La langue arabe est également exploitée dans le cadre des carrés magiques : alors qu'ils se composent, théoriquement, de nombres arrangés de manière harmonieuse, le
Šams al-ma'ārif propose des carrés imitant le style des carrés magiques mais contenant des lettres séparées formant des noms divins ou des
mots magiques. Enfin, un long passage est consacré à
l'alchimie et à la
préparation de l'or. L'ensemble de ces aspects permet d'affirmer que le
Šams al-ma'ārif n'est pas un simple ouvrage de mystique ésotérique, mais bien une compilation sur
les sciences occultes et la magie.